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vendredi 8 juillet 2016

Crise de phobie administrative d'un Avocat désespéré!

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J’éprouve à cet instant, en une crise profonde, brutale, irrépressible, une atroce phobie administrative, de celles qui mettent à terre les plus belles âmes, telle celle de Thomas Thévenoud.
Voilà une petite quinzaine de jours, j’ai reçu de l’URSSAF des appels de cotisations ne correspondant pas à la réalité ; mais, voyez-vous, la dame du RSI s’était trompée de ligne en rentrant les données informatiques, confondant, erreur insigne, chiffre d’affaires et bénéfices.
Il paraît que cela va être corrigé ; il paraît, il parait…
Je reçois ce jour de l’administration fiscale une « lettre de motivation », (mais je ne l’embaucherai pourtant jamais), au motif que nous n’aurions pas déclaré notre TVA mensuelle… dont l’administration précise le montant non déclaré.
Elle peut donc préciser le montant d’une TVA non déclarée ?
Divinatrice et dominatrice !
TVA pourtant déclarée et prélevée, avec un retard qui relève de la seule diligence, et je crois que je parle ici de ce moyen de transport chevalin des siècles derniers, de l’administration fiscale.
Il faut cependant demander remise gracieuse pour l’erreur de ce cruel Moloch.
C’est ainsi dans notre république franchement devenue orwellienne.
Alors, oui, crise brutale, irrépressible,
La phobie administrative ce jour m’étreint et il est des étreintes oh combien plus agréables !

lundi 4 juillet 2016

Toirac Pays de l'intemporel de Bonnefoy

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"...Nous arrivions, au matin, nous franchissions la porte basse, délavée, qui donnait sur l’enclos (on disait le parc, il est vrai qu’il y avait de grands arbres) entre la maison et l’église, et je courais au fond du verger qui le prolongeait à droite vers la lumière et dominait la vallée. Là sans doute des fruits avaient commencé à mûrir. Les reinesclaudes, les prunes bleues allaient tomber tout un mois, plus tard se seraient les figues, peut-être le raisin – les prunes seraient fendues et en cela évidentes, ouvrant aux guêpes errantes davantage l’être que la saveur – et je pleurais presque, d’adhésion. L’exil était terminé. Zénobie, femme de quarante-cinq ans, grosse, sale, au port de reine, allait passer, poussant les oies du bout de son bâton courbe vers ce qu’on appelait la maison des poules – un vestibule, une cuisine, un salon abandonnés aux caquets et à la fiente – et ce serait la terre debout, ceinte de feux, couronnée. Beaucoup me revient, cette fois, de l’herbe épaisse, du vent, de la maison, des villages. Pourtant, pas plus que Tours ne méritait mon refus, Toirac ne valait à mes yeux, je le vois bien maintenant, par ce que je croyais y aimer, et voilà déjà qui importe. Oui, je trouvais beau ce pays, il m’a même formé, dans mes choix profonds, avec ses grands causses déserts, où affleure la pierre grise, et ses orages de plusieurs jours, quelquefois, au-dessus des châteaux fermés. Toutefois, qu’aurais-je pu déchiffrer, de ces beautés difficiles, sans une qualité qui s’y ajoutait, et comme par accident? Quand nous repartions en septembre, à peine si se formaient les premiers brouillards, nous laissions le raisin, souvent, à mûrir encore et c’était donc un été sans fin qui nous accueillerait l’an d’après, c’était, cette vallée, cette rivière là-bas, ces collines, le pays de l’intemporel, la terre déjà un rêve où perpétuer la sécurité des années qui ne savent rien de la mort. Pays où la chair, comme a dit Rimbaud, est encore un fruit pendu dans l’arbre; […] Pays, par conséquent, d’une conscience qui peut appréhender l’univers (d’une façon naïve, qu’il faudra vite que l’on réprime) non dans le heurt déjà des existences finies, mais dans la musique des essences. […] En vérité, ce « massif central », coloré ainsi d’absolu, ressemble beaucoup à l’arrière-pays de mes rêveries ultérieures..."

Yves Bonnefoy, l'arrière pays

dimanche 3 juillet 2016

La Colère républicaine du parapluie de nos maîtres

D'abord, il y a  eu cette image:

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Où l'on éprouve comme une gène quand la Reine d'Angleterre tient elle même son parapluie, mais madame Hidalgo a son valet.

Les réseaux sociaux ont pépié de colère devant tant d'impolitesse.

Et puis celle-ci:

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Imagine-t-on plus caricatural?

Oui,  pourtant, cette autre:

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Le Prince Charles et David Cameron tiennent leur parapluie, mais pas le roi François

Pourtant, cette grossièreté du protocole franchouillard, la presse l'a dénoncée, les conseillers en communication lisent, mais rien n'y fait.

Autrefois (mot horrible) si la maîtresse de maison voyait que son invité commettait une erreur dans le rituel de table, elle l'imitait immédiatement.

Politesse, attention à l'autre.

Si ceux qui nous gouvernent voient que la reine tient son parapluie, le bon sens est de se dire qu'il convient de faire de même.

Mais non;

Comme le chantait Ferrat: les maîtres ont encore une âme de valet

samedi 2 juillet 2016

La pluie d'été

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LA PLUIE D’ETE

I

Mais le plus cher mais non
le moins cruel
De tous nos souvenirs, la pluie
d’été
Soudaine, brève.

Nous allions, et c’était
Dans un autre monde,
Nos bouches s’enivraient
De l’odeur de l’herbe

Terre,
L’étoffe de la pluie se plaquait
sur toi.
C’était comme le sein
Qu’eût rêvé un peintre.

II

Et tôt après le ciel
Nous consentait
Cet or que l’alchimie
Aura tant cherché.

Nous le touchions, brillant,
Sur les branches basses,
Nous en aimions le goût
D’eau, sur nos lèvres.

Et quand nous ramassions
Branches et feuilles chues,
Cette fumée le soir puis,
brusque, ce feu,
Cétait l’or encore.

Yves Bonnefoy