D'un côté, il y a le marasme économique, le
chômage, les chiffres d'affaires qui flageolent, la concurrence, qui de sauvage
est devenue barbare.
De l'autre, les articles consacrés à la profession
d'avocat ; cet appel constant à innover ou bien à mourir, sans même
l'intervention aidante des islamistes radicaux.
Tenez, le regard porté sur les avocats est tel,
que dans un article de DROIT-INC, venu de la Belle Province, donnant des
conseils aux avocats novices, je lis ceci :
« Savoir se servir du fax : Eh oui, les
avocats aiment encore utiliser les fax… En tant que jeune ayant grandi avec
internet, vous n’avez sûrement pas eu la chance d’utiliser souvent ses machines
ancestrales. C’est le temps de revisiter le passé et d’apprendre. Ainsi,
lorsqu’on vous demandera d’envoyer à trois heures du matin un paquet de
documents in extremis en Croatie, vous serez prêt! » (Vous aurez noté le « ses »
machines, tout fout le camp ma bonne dame !)
Je me souviens, car j'ai atteint un âge où l'on
peut se souvenir, quand j'étais jeune avocat, au milieu des années 80 et où je
fréquentais, pour raisons familiales, la Corse le week-end, d'un avocat Corse.
Je me souviens de son nom, mais ne le dirai pas
préférant utiliser son surnom : kiki dort.
Mais je ne sais pas pourquoi, je ne veux pas une
balle perdue.
Cet homme-là de me demander, à l'époque, si
j'avais un fax ; je lui ai répondu non pour n'en avoir pas l'utilité,
n'osant pas lui dire que je ne savais pas ce que c'était ; télécopie j'aurais
peut-être compris, c’est pas sûr.
Mais l'outil n'était pas encore arrivé dans les
cabinets.
Il me semble que l'évolution des technologies s'est
évidemment accélérée et qu’il y a plus de modifications intervenues depuis les
années 80 qu'entre les années 50 et les années 80.
Cette évolution dans le monde du travail n'a rien
de propre à la profession d'avocat et l'on voit, dans celle-ci comme ailleurs,
la disparition programmée des assistantes salariées, la porosité entre le temps
de travail et le temps libre, la nécessaire adaptation à la rapidité
aujourd'hui demandée dans les rapports professionnels.
Alors il faut donc s'adapter tout en étant
confronté à un droit du travail figé, à des organismes publics et parapublic
qui ont conservé une mentalité d'administrateur, dont Pascal Lamy disait ce
matin qu'elle correspondait au temps des colonies !
En fait, la plupart des articles juridiques traite
des cabinets parisiens car sur ce plan, la France n’a changé, c'est à la Cour du Roi
que tout se passe.
Dans la réalité des cabinets d'avocats de province,
si le changement est technique, il passe probablement surtout par une remise
en cause comportementale, par l'acceptation du fait que le client, désormais, a
accès à de multiples informations juridiques, qu'il est habitué à une rapidité
d'exécution au moindre coût, à comparer les intervenants et, quelque part, à
être volatil, voire volatile.
Bien sûr, l'innovation technique est implacable,
mais le pire est probablement la transformation mentale qu'elle doit impliquer
dans la gestion professionnelle des bavards qui doivent devenir bavards… du
clavier.
Mais, rassurons-nous, le fax existe toujours,
simplement intégré dans des machines multifonctions.
J’en ai une qui cire les chaussures.
Et de toute façon, autrefois, il y avait aussi le
télex et ça, je n'ai jamais vraiment compris à quoi ça servait, à part, je crois
les maritimistes.
Mais nous autres avocats devons surtout avoir peur des imprimantes 3D.
Déjà, j'ai lu des articles reprochant la
facturation horaire aux cabinets d'avocats, (toujours les Parisiens), demandant
soit un forfait, soit que certaines tâches soient dédiées à des juristes de premières
année, voire automatisées, et cela pose la question de l'intelligence
artificielle dans le futur.
Peut-être, bientôt, les imprimantes 3D
fabriqueront-elles des avocats robots standardisés correspondant à la nécessaire
évolution économique ?
J’assume un côté réactionnaire et discriminant et
tout et tout : on peut avoir des avocates et choisir le modèle ? Oui,
je sais, c’est honteux d’écrire ça !
Enfin, nous allons bien voir ce que va donner la Macron-économie.
À oui, au fait, la réforme des professions
réglementées…
Allez, Bonne rentrée !