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mercredi 12 décembre 2018

Réforme de la justice civile ou comment fabriquer de l'exclusion!

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Les avocats ont donc à nouveau manifesté aujourd’hui contre le projet de loi de réforme de la justice.
Il est en passe d’être adopté à la méthode Macron. Le projet sort, des discussions interviennent, des accords sont pris et puis, à l’assemblée, c’est le projet initial qui est présenté.
Vision technocratique qui a conduit les Français sur les ronds-points.
Les avocats protestent mais l’avocat, c’est comme le corbeau, ça n’est guère aimé.
Pourtant cette réforme sur le plan civil va fabriquer de l’exclusion.
Les petits litiges seront traités au travers d’une plate-forme numérique car bien sûr, pour les génies qui gouvernent le pays depuis si longtemps, il n’est pas concevable que le bas peuple n’ait pas la compétence numérique lui permettant de maîtriser Internet d’excellente manière.
Devant le tribunal d’instance, ce tribunal de proximité, les personnes peuvent se présenter elle-même, saisir elle-même, et s’expliquer devant le juge qui fera l’effort de les comprendre.
C’est cela qui va disparaître car l’ordinateur ne fera pas cet effort et il y a fort à parier qu’un grand nombre de petits litiges ne seront pas soumis au juge.
C’est peut-être d’ailleurs ce qui est souhaité, se débarrasser des encombrants.
Puis, le Tribunal d’instance va disparaître et devenir un service du Tribunal de grande instance.
Bien sûr Madame BELLOUBET, qui inspire la confiance, de promettre que les sites ne changeront pas.
Mais la possibilité est là désormais et on peut parier qu’à l’avenir des regroupements interviendront, des fusions en quelque sorte ce qui impliquera pour le justiciable des déplacements que connaissent déjà ceux qui habitent dans les territoires avec les services publics qui ferment.
Sans même parler bien sûr de la tentative de médiation qui va devenir obligatoire et confiée à un médiateur.
Le médiateur n’est pas gratuit comme le juge, il faudra le payer.
Ce que les avocats dénoncent, c’est ça ; cette démarche constante de l’administration judiciaire de chercher à limiter le rôle du juge, à évacuer en quelque sorte le peuple, cet importun.
Tout cela n’est pas grave pour le citoyen bien inséré dans la société, avec un niveau de vie correct et la possibilité de se déplacer.
Mais l’avocat de quartier sait bien qu’il y a toute une part de la population pour qui ce n’est pas le cas ; les juges aussi.
Et ces personnes-là vont perdre l’accès au juge, de manière silencieuse, parce que la fracture numérique peut être territoriale, mais aussi sociale et intellectuelle.
C’est pourquoi cette réforme de la justice pilotée en fait par Bercy pour des considérations économiques et financières est une régression démocratique.
C’est cela qu’il faut combattre.

samedi 10 novembre 2018

La France périphérique vue par La Fontaine

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Le centralisme français, ce goût de la ville ; comme d’ailleurs celui des impôts est un héritage de la monarchie.
Entre les métropoles-monde et la France périphérique, le débat reste le même que celui que disait, en son temps La Fontaine
Nulle leçon n’est jamais vraiment apprise…

Autrefois le Rat de ville
Invita le Rat des champs,
D'une façon fort civile,
À des reliefs d'Ortolans.
Sur un Tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.
Le régal fut fort honnête,
Rien ne manquait au festin ;
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.
À la porte de la salle
Ils entendirent du bruit :
Le Rat de ville détale ;
Son camarade le suit.
Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitôt ;
Et le citadin de dire :
Achevons tout notre rôt.
— C'est assez, dit le rustique ;
Demain vous viendrez chez moi :
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de Roi ;
Mais rien ne vient m'interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc ; fi du plaisir
                                           Que la crainte peut corrompre