Les avocats ont donc à nouveau manifesté aujourd’hui contre
le projet de loi de réforme de la justice.
Il est en passe d’être adopté à la méthode Macron. Le projet
sort, des discussions interviennent, des accords sont pris et puis, à l’assemblée,
c’est le projet initial qui est présenté.
Vision technocratique qui a conduit les Français sur les
ronds-points.
Les avocats protestent mais l’avocat, c’est comme le corbeau,
ça n’est guère aimé.
Pourtant cette réforme sur le plan civil va fabriquer de l’exclusion.
Les petits litiges seront traités au travers d’une
plate-forme numérique car bien sûr, pour les génies qui gouvernent le pays
depuis si longtemps, il n’est pas concevable que le bas peuple n’ait pas la
compétence numérique lui permettant de maîtriser Internet d’excellente manière.
Devant le tribunal d’instance, ce tribunal de proximité, les
personnes peuvent se présenter elle-même, saisir elle-même, et s’expliquer
devant le juge qui fera l’effort de les comprendre.
C’est cela qui va disparaître car l’ordinateur ne fera pas cet
effort et il y a fort à parier qu’un grand nombre de petits litiges ne seront
pas soumis au juge.
C’est peut-être d’ailleurs ce qui est souhaité, se débarrasser
des encombrants.
Puis, le Tribunal d’instance va disparaître et devenir un
service du Tribunal de grande instance.
Bien sûr Madame BELLOUBET, qui inspire la confiance, de
promettre que les sites ne changeront pas.
Mais la possibilité est là désormais et on peut parier qu’à l’avenir
des regroupements interviendront, des fusions en quelque sorte ce qui
impliquera pour le justiciable des déplacements que connaissent déjà ceux qui
habitent dans les territoires avec les services publics qui ferment.
Sans même parler bien sûr de la tentative de médiation qui va
devenir obligatoire et confiée à un médiateur.
Le médiateur n’est pas gratuit comme le juge, il faudra le
payer.
Ce que les avocats dénoncent, c’est ça ; cette démarche
constante de l’administration judiciaire de chercher à limiter le rôle du juge,
à évacuer en quelque sorte le peuple, cet importun.
Tout cela n’est pas grave pour le citoyen bien inséré dans la
société, avec un niveau de vie correct et la possibilité de se déplacer.
Mais l’avocat de quartier sait bien qu’il y a toute une part
de la population pour qui ce n’est pas le cas ; les juges aussi.
Et ces personnes-là vont perdre l’accès au juge, de manière
silencieuse, parce que la fracture numérique peut être territoriale, mais aussi
sociale et intellectuelle.
C’est pourquoi cette réforme de la justice pilotée en fait
par Bercy pour des considérations économiques et financières est une régression
démocratique.
C’est cela qu’il faut combattre.
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