J’ai ouvert ce matin l’application e-barreau et j’ai pu
constater que pour la Chancellerie les tribunaux de grande instance existaient
toujours…
j’avais cru comprendre qu’ils étaient pourtant supprimés et
qu’ils étaient devenus tribunaux judiciaires.
C’est un symbole simple de l’impréparation de cette nouvelle
réforme qui nous tombe dessus sans avoir été réfléchie dans la durée et sans
concertation aucune avec les acteurs professionnels.
Réforme née dans la tête de hauts magistrats qui n’ont plus
tenu d’audience peut-être depuis des décennies.
L’un des buts de cette réforme est, une fois de plus, de limiter
l’accès à la justice pour des raisons économiques et financières.
Probablement cette idée est-elle devenue désuète, ce qui
annonce les démocratures à venir.
Quoi qu’il en soit, les décrets sont sortis fin décembre avec
une application début janvier, ce qui est absurde.
Ainsi, à peine d'irrecevabilité que le juge peut prononcer
d'office, la demande en justice doit être précédée, au choix des parties, d'une
tentative de conciliation menée par un conciliateur de justice, d'une tentative
de médiation ou d'une tentative de procédure participative, lorsqu'elle tend au
paiement d'une somme n'excédant pas 5 000 euros ou lorsqu'elle est relative à
l'une des actions mentionnées aux articles R. 211-3-4 et R. 211-3-8 du code de
l'organisation judiciaire.
Donc, la demande en paiement de charges de copropriété, sauf
erreur toujours possible en ce début embrumé d’année relèverait de cette
disposition ?
Il faudrait donc engager une médiation (coûteuse) ou bien
saisir un conciliateur de justice, brave homme retraité, mais nous parlons là
d’un contentieux de masse.
Sagement, le texte prévoit que l'absence de recours à l'un
des modes de résolution amiable est justifiée par un motif légitime, notamment
l'indisponibilité de conciliateurs de justice dans un délai raisonnable.
La question de la compétence juridique, de la connaissance du
droit, n’est donc pas un motif légitime…
Alors, voilà : le premier réflexe de l’avocat vicieux est de se
demander comment échapper à cette nouvelle obligation dont les motivations ne
paraissent pas être l’intérêt du justiciable dont il défend les intérêts
Il en sera donc des demandes comme des silhouettes post-réveillon
: gonflées.
Supposons un principal demandé de 2000 €, il sera rajouté une
demande de 3100 € de dommages et intérêts et le seuil de 5000 € sera donc
atteint.
C’est stupide ?
Oui.
Mais la stupidité génère la stupidité.
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