On ne veut pas se l’avouer, mais la
Ve République est une république instable.
Certes pas au Parlement, mais au
gouvernement et c’est pire.
La durée de vie des ministres est
courte, très courte.
Cela signifie en pratique qu’ils n’ont
pas réellement d’impact sur les politiques gouvernementales lesquelles
finalement sont conçues par la haute administration, inamovible et intangible.
Aussi quand Madame BELLOUBET est
arrivée, il y a eu comme un a priori favorable parce qu’elle était juriste,
professeur de droit public, ancien Membre du Conseil constitutionnel.
C’est dire qu’elle a la
connaissance du droit, de l’importance des équilibres dans une démocratie, de l’importance
bien sûr du rôle de l’autorité judiciaire.
On voit bien, dans ce que l’on
appelle aujourd’hui les démocratures, que les attaques contre les juges et les
avocats sont symptomatiques d’un affaissement de la démocratie.
Depuis des décennies, il y a un
mouvement dans la démocratie française qui vise à déjudiciariser, c’est-à-dire
à réduire la sphère d’intervention du juge au profit de l’administration alors
même que celle-ci a, en France, un rôle que l’on peut estimer excessif.
Madame BELLOUBET le sait dont la
thèse de doctorat s’intitulait. : « Pouvoirs et relations
hiérarchiques dans l'administration française »
Alors, oui, il y a une déception
BELLOUBET.
Car le projet de réforme de la
justice vise, au pénal, à restreindre le champ des libertés individuelles et c’est
étonnant de sa part.
Pourquoi ne résiste-t-elle pas au
ministère de l’intérieur ?
Car le projet de réforme de la justice
vise, au civil, a encore plus déjudiciariser, à limiter le rôle des juges et
des avocats et, dès lors à renforcer celui de l’administration, voire d’entreprises
privées concernant des plates-formes numériques.
Si les avocats protestent c’est
bien sûr pour défendre aussi comme on le dit leurs intérêts catégoriels, mais
plus profondément parce que ce mouvement constant d’affaiblissement de la
justice et du rôle du juge judiciaire à un moment même où le politique est en
crise a comme un voisinage intellectuel avec ce mouvement vers la démocrature que
l’on observe de par le monde.
Petit à petit, textes après textes,
normes après normes, le régime politique évolue vers une société administrée et
s’éloigne de ce jeu de contre-pouvoirs qui fait l’équilibre démocratique.
Chaque fois que l’on altère le rôle
du juge et de l’avocat, on altère, qu’on le veuille ou non, le fonctionnement
démocratique.
Ce mouvement fou de
déjudiciarisation vise simplement à masquer la misère budgétaire et l’absence
totale d’effort profond de la république pour avoir une justice qui fonctionne
normalement.
On préfère plutôt l’amputer petit à
petit.
Un doigt un orteil, un pied, une
main et ainsi de suite.
Oui, il y a une déception
BELLOUBET.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire