Comme ça,
incidemment, légèrement, on parlera de zones de non-droit, de territoires
perdus de la république et puis, voilà, on passera autre chose.
Ceux qui subissent
des comportements délictueux, violents, qu’il est de bon ton d’appeler
incivilité verront, à la télévision, les bonnes âmes de la république ou les
bonnes âmes préfectorales parler de vivre ensemble un peu difficile.
Et puis, petit à
petit, l’aigreur s’empare du pays que l’on appelle pays profond.
Peut-être la
république préfère-t-elle détourner les yeux de ces zones ghettoïsées car elle
s’est qu’elle n’est pas exemplaire.
Mais avant toute
chose, il y a la loi.
La loi doit s’appliquer
sur tout le territoire de la république et il paraît quand même difficile de
croire que l’on est revenu au Moyen Âge, ce qui est d’ailleurs un cliché, et
que la république n’a pas les moyens de faire respecter partout l’ordre
républicain.
La question se pose
de la volonté ; pourquoi risquer des incidents, pourquoi aller trop frapper une
économie parallèle qui arrange bien quelque part ? Pourquoi faire preuve
de courage dont il suffit de saupoudrer de vivre ensemble prononcé l’insupportable
que vit une population.
Peut-être les
incidents corses sont-ils un révélateur, un geste d’autodéfense collectif et
donc plus visible que l’autodéfense individuelle.
Il n’y a pas d’ailleurs
de particularisme corse puisque les méfaits de l’urbanisation, de l’indissociable
lien entre immigration et pauvreté, se font les mêmes partout.
Ce qui fait peur c’est
la réaction de la classe politique qui oscille entre laxisme et folle
constitutionnalisation d’un état d’urgence ; c’est-à-dire qui oscille entre une
démocratie avachie et l’avènement d’un état de sécurité qui n’est plus vraiment
une démocratie.
Il suffit, c’est bien
sûr facile de le dire, de veiller à faire respecter la loi de la république.
De donner au juge
judiciaire les moyens de travailler plutôt que de tout faire pour l’évacuer.
On a le sentiment d’un
affolement généralisé, d’une volonté de sur réagir pour n’avoir pas réagi
avant, d’une perte de sens démocratique.
Alors, oui, peut-être
que la réaction Corse éclaire la nudité de la république et peut-être même que
cette réaction les Corses sauront l’appliquer aux crimes de droit commun, aux meurtres,
au racket et que cessera la loi du silence.
Il n’y a pas, en tout
cas, de territoires perdus de la république ; il y a une république qui se perd
toute seule.
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