J’ai un fils
supporter de foot ; c’est comme ça, il pourrait se droguer.
À l’annonce du match
Angleterre / Russie, il m’a dit : ça va taper.
Et la ville de
Marseille a eu droit à ces scènes de guérilla urbaine abominables parce que l’on
n’avait pas anticipé le phénomène des hooligans russes, notamment.
Pourtant, le préfet,
le procureur, de dire qu’il n’y avait pas de constat d’échec à établir, que le
traitement de la situation avait été correct.
C’est révélateur, me
semble-t-il, de la différence de perception pouvant exister entre une
technostructure et le citoyen.
Parce que dire que
les choses se sont bien passées est à tout le moins irréel.
Eh bien, voyez-vous,
il en est de même du fameux divorce sans juge.
Aujourd’hui, le
divorce par consentement mutuel prévoit des conventions passées par avocats,
lesquelles sont homologuées par un magistrat indépendant.
Les époux peuvent
avoir un avocat commun.
La Chancellerie qui n’a
plus d’argent cherche à tout déjudiciarisation, à enlever le juge, partout.
Demain, le projet
prévoit que chacun des époux aura son avocat, que des conventions seront
établies dont la force exécutoire sera donnée par un notaire, en un coup de tampon-dateur.
Ici, la
technostructure est contente, je veux dire la Chancellerie et le Conseil
national des barreaux, l’une des trois têtes de la profession d’avocat avec le
barreau de Paris et la conférence des bâtonniers, mais c’est compliqué.
Eh bien, voyez-vous l’avocat
qui fait du divorce n’est pas d’accord.
Je sais que l’on va
dire que c’est une question d’argent.
C’est faux, dans la
mesure où à partir du moment où l’on oblige à avoir deux avocats, c’est-à-dire
deux entreprises libérales, il y aura augmentation des coûts.
C’est une évidence
que les uns et les autres font semblant de ne pas voir.
Mais la question n’est
pas là
Dans un divorce, le plus
souvent, il y en a un qui veut plus divorcer que l’autre ; autrement dit un des
deux qui subit.
Il arrive aussi qu’il
y ait une inégalité économique, un pouvoir financier.
Il arrive que des
époux aient envie de tout céder, pour aller vite.
Il arrive que l’intérêt
des enfants ne soit pas forcément ce qui prime.
Il arrive que l’un
torde le bras à l’autre.
Bien sûr la
technostructure va vous dire que les avocats sont excellents et qu’ils
suffisent à la protection des justiciables.
Elle le dit.
De la même manière,
il sera dit, s’agissant des enfants que les avocats seront à même de vérifier qu’ils
ont été bien informés, puisqu’ils ont leur mot à dire. (D’ailleurs, la nouvelle
procédure revient à faire peser sur les épaules des enfants un poids bien lourd
puisqu’ils peuvent demander à comparaître devant le juge qui en l’espèce n’existerait
plus, sauf cette hypothèse.)
Pauvre gosses.
Bien sûr,
actuellement, le plus souvent la comparution devant le juge paraît inutile,
mais c’est parce que les conventions ont été préparées en liaison avec le
tribunal qui de manière régulière fait savoir ce qu’il souhaite en termes de
conventions de divorce.
Il arrive, rarement,
que devant le juge l’un des époux change de position, ou bien que le juge
demande que les conventions soient revues pour mieux, par exemple, protéger les
enfants.
Le juge, c’est une
protection pour les plus faibles.
L’avocat a, bien sûr,
sa déontologie comme dirait le Président du Conseil national des barreaux, sa
morale en fait.
Mais, si l’on veut
bien être sérieux un moment, l’avocat est mandataire de son client et l’on peut
imaginer qu’il obéisse à celui-ci et que soient signées des conventions
préjudiciables à l’un ou l’autre sans que désormais le juge ait son mot à dire.
Ce divorce sans juge
est vendu comme un progrès, mais il est une régression sociale, une protection
de moins que l’on enlève, ici aussi.
La technostructure
est contente, les hommes et femmes de terrain, non
Comme à Marseille…
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