Bien sûr, le nombre de mariages diminue.
Bien sûr, dans l’esprit du public, il s’agit
maintenant plus d’une forme de contrat que d’une institution républicaine.
Bien sûr, quand les époux sont d’accord, ils se
demandent pourquoi le juge est là,
pourquoi attendre parfois longtemps dans une salle inadaptée, pour cinq petites
minutes parfois d’audition.
Pourquoi ces délais, même si, par exemple à
Marseille, on parle de trois ou quatre mois.
Pourquoi alors ne pas adorer cette réforme
proposée du divorce par consentement mutuel sans juge, dans lequel les avocats
feraient le travail et le notaire mettrait un coup de tampon pour 50 €.
Mais, attention il faudra payer deux avocats au
lieu d’un.
D’abord, il y a ce sentiment d’un comportement
malsain de la Chancellerie qui, année après année, quels que soient les
ministres, propose des réformes dont on comprend immédiatement que l’esprit n’est
pas l’amélioration du service rendu à la population, mais l’amélioration des
finances.
Parfois, on éprouve ce sentiment nauséabond, le
mot est à la mode, que le ministre de la justice est un peu un secrétaire d’État
rattaché à Bercy.
On peut idéaliser les choses, mais parfois les
familles sont du lieu de combats cruels, de secrets horribles, comment le nier
?
Dans les couples, souvent, il y a un dominant et un
dominé et quand vient la séparation, ce déséquilibre peut s’amplifier.
Dans le divorce proposé, ce serait donc aux
avocats d’opérer un contrôle.
Ici, murmures aux justiciables comme dirait Madame
Taubira.
La culture de l’avocat est la défense de son
client.
Le fait que deux avocats interviennent, outre le
fait d’ailleurs que cela va renchérir
les procédures, est-il en soit une garantie ?
Est-il absurde d’imaginer des avocats plus
compétents que d’autres ? Plus consciencieux ? Plus impliqués ?
La profession d’avocat est aujourd’hui atomisée
avec les risques que cela peut générer.
Ben, oui, je l’écris.
Dans le système actuel, le juge qui n’est lié avec
aucune des parties, opère un contrôle impartial et ce contrôle est une garantie
pour le plus faible.
On pourrait imaginer, devant la massification de
la matière, que la procédure soit allégée, que la comparution des parties n’intervienne
que si le juge l’estime utile, par exemple.
Mais dans le système, tel qu’il est proposé, cette
garantie est retirée.
Bien sûr, on peut parler marché du droit et se
dire que c’est bon pour le chiffre d’affaires des avocats.
Bien sûr, on peut parler des économies que fera le
ministère de la justice.
Mais, imaginez tel ou tel divorce, avec des
enfants, et les mesures adoptées par les avocats qui poseraient problème.
Il n’y aura alors plus de contrôle.
On parlera de la possibilité de revenir devant le
juge aux affaires familiales ; oui, mais le mal aura été fait.
Dans les apparences, cette réforme va dans l’air
du temps.
Dans la réalité, elle est une régression sociale.
Et le faible sera moins protégé.
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