Je suis avocat, depuis 33 ans.
Ça ne se voit pas, merci je sais ; elles disent
toutes ça.
Je suis avocat, pas celui que vous voyez à la
télé, mais celui qui vous recevra.
Celui qui traite les affaires du quotidien des
citoyens honnêtes.
Celui dont on ne parle jamais.
Celui de votre ville, de votre divorce, votre
procès prud’homal, de la construction de votre maison, des désordres l’atteignant,
de votre succession (enfin façon de parler, vous n’êtes pas mort), des soucis
de votre société, etc…
Celui qui est avant tout un juriste, mais aussi un
peu un confesseur et encore un philosophe et puis aussi un psy.
Bref quelqu’un qui a l’esprit libre et celui qui a
l’esprit libre doit mourir dans ce monde où règne la norme et où meurt le cœur
intelligent.
Je suis avocat et pour tout vous dire n’écoute
plus guère la fureur alentours, ces chimères qui se battent entre elles pour un
peu de gloire, ce temps de l’incertain où les principes cèdent devant les
lignes budgétaires et la sottise d’une administration toute-puissante.
Oh, nous avons subi Madame Taubira et le bon
peuple d’applaudir pendant que la justice continuait à crever.
La beauté autocentrée de ses discours n’était
jamais faite que pour dissimuler les cris de l’agonisante.
Et puis, nous avons Monsieur Urvoas, que l’on dit
professeur de droit mais qui n’en a pas, je crois, le titre; maître de
conférence en province, il y a longtemps.
Homme efficace, apparemment.
Celui qui a porté sur les fonts baptismaux la loi
renseignement qui permet d’espionner le citoyen sans que, probablement, les
terroristes, ou autres méchants, soient concernés, qui sauront bien trouver d’autres
biais.
Mais c’est ainsi.
Et le voilà maintenant qui va maintenir le
monopole des avocats à la Cour de
cassation (ben voyons)… et puis qui veut lancer le divorce sans juge.
Ces gens-là voyez-vous font tout à l’envers.
Comme il n’y a pas d’argent, ils veulent déjudiciariser
et réduire le domaine d’intervention de la justice.
Ah, il y a de grandes déclarations qui vous disent
que tout homme a le droit de voir sa cause évoquée devant un juge indépendant,
mais les déclarations des droits de l’homme s’effacent devant les lignes
budgétaires.
Il faut être efficace, ce que n’était pas Madame
Taubira, et l’on tombe dans l’excès inverse.
Comme avocat, le divorce sans juge m’arrange, mais
il pose un problème.
Le juge, voyez-vous est indépendant et vérifie que les intérêts des plus faibles soient défendus, en l’espèce les enfants.
On dira qu’il y a telle et telle garantie, on dit
toujours ça.
Mais la réalité de la vie fait que, pour des
raisons budgétaires seulement, on réduit encore la défense des plus faibles car
les avocats ne sont que des avocats dont le métier concurrentiel impose de gagner leur vie, sans
parler du notaire qui viendra mettre un coup de tampon pour 50 € et qui, de
toute façon n’a rien à faire ici.
Ce n’est pas une critique, mais une once de
réalisme.
Je suis avocat, depuis 33 ans et devrais avoir le
cuir tanné. .
Mais voyez-vous, j’en ai assez de ces gens qui
foulent aux pieds les principes fondateurs de la démocratie pour n’être jamais
que des petits comptables, de ceux dont l’histoire est pleine qui, à force de
néant, fabriquent des horreurs.
Là, dans le secret d’amendements non discutés, non
préparés, sortis de l’imagination de quelques bureaucrates de la chancellerie,
se profile une extension grandissante de la médiocrité et un affaiblissement
constant des principes de la démocratie.
Le juriste dira que le rôle du juge est
indispensable la matière et que si l’on veut lui dégager du temps, il suffirait
par exemple de le faire statuer en la matière par ordonnance sur requête plutôt
que de jeter ainsi le bébé avec l’eau du bain, mais aussi avec la baignoire et
encore avec la salle de bain et puis tant qu’on y avec la justice elle-même.
C’est tellement évident que ces gens-là doivent le
faire exprès.
Après tout la justice, elle emmerde nos
gouvernants par son insolence.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire