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mercredi 4 mai 2016

Divorce sans juge, divorce sans justice

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Je suis avocat, depuis 33 ans.
Ça ne se voit pas, merci je sais ; elles disent toutes ça.
Je suis avocat, pas celui que vous voyez à la télé, mais celui qui vous recevra.
Celui qui traite les affaires du quotidien des citoyens honnêtes.
Celui dont on ne parle jamais.
Celui de votre ville, de votre divorce, votre procès prud’homal, de la construction de votre maison, des désordres l’atteignant, de votre succession (enfin façon de parler, vous n’êtes pas mort), des soucis de votre société, etc…
Celui qui est avant tout un juriste, mais aussi un peu un confesseur et encore un philosophe et puis aussi un psy.
Bref quelqu’un qui a l’esprit libre et celui qui a l’esprit libre doit mourir dans ce monde où règne la norme et où meurt le cœur intelligent.

Je suis avocat et pour tout vous dire n’écoute plus guère la fureur alentours, ces chimères qui se battent entre elles pour un peu de gloire, ce temps de l’incertain où les principes cèdent devant les lignes budgétaires et la sottise d’une administration toute-puissante.
Oh, nous avons subi Madame Taubira et le bon peuple d’applaudir pendant que la justice continuait à crever.
La beauté autocentrée de ses discours n’était jamais faite que pour dissimuler les cris de l’agonisante.
Et puis, nous avons Monsieur Urvoas, que l’on dit professeur de droit mais qui n’en a pas, je crois, le titre; maître de conférence en province, il y a longtemps.
Homme efficace, apparemment.
Celui qui a porté sur les fonts baptismaux la loi renseignement qui permet d’espionner le citoyen sans que, probablement, les terroristes, ou autres méchants, soient concernés, qui sauront bien trouver d’autres biais.
Mais c’est ainsi.

Et le voilà maintenant qui va maintenir le monopole des avocats  à la Cour de cassation (ben voyons)… et puis qui veut lancer le divorce sans juge.
Ces gens-là voyez-vous font tout à l’envers.
Comme il n’y a pas d’argent, ils veulent déjudiciariser et réduire le domaine d’intervention de la justice.
Ah, il y a de grandes déclarations qui vous disent que tout homme a le droit de voir sa cause évoquée devant un juge indépendant, mais les déclarations des droits de l’homme s’effacent devant les lignes budgétaires.
Il faut être efficace, ce que n’était pas Madame Taubira, et l’on tombe dans l’excès inverse.
Comme avocat, le divorce sans juge m’arrange, mais il pose un problème.
Le juge, voyez-vous est indépendant et vérifie que les intérêts des plus faibles soient défendus, en l’espèce les enfants.
On dira qu’il y a telle et telle garantie, on dit toujours ça.
Mais la réalité de la vie fait que, pour des raisons budgétaires seulement, on réduit encore la défense des plus faibles car les avocats ne sont que des avocats dont le métier concurrentiel impose de gagner leur vie, sans parler du notaire qui viendra mettre un coup de tampon pour 50 € et qui, de toute façon n’a rien à faire ici.
Ce n’est pas une critique, mais une once de réalisme.
Je suis avocat, depuis 33 ans et devrais avoir le cuir  tanné. .
Mais voyez-vous, j’en ai assez de ces gens qui foulent aux pieds les principes fondateurs de la démocratie pour n’être jamais que des petits comptables, de ceux dont l’histoire est pleine qui, à force de néant, fabriquent des horreurs.

Là, dans le secret d’amendements non discutés, non préparés, sortis de l’imagination de quelques bureaucrates de la chancellerie, se profile une extension grandissante de la médiocrité et un affaiblissement constant des principes de la démocratie.
Le juriste dira que le rôle du juge est indispensable la matière et que si l’on veut lui dégager du temps, il suffirait par exemple de le faire statuer en la matière par ordonnance sur requête plutôt que de jeter ainsi le bébé avec l’eau du bain, mais aussi avec la baignoire et encore avec la salle de bain et puis tant qu’on y avec la justice elle-même.
C’est tellement évident que ces gens-là doivent le faire exprès.

Après tout la justice, elle emmerde nos gouvernants par son insolence.

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