L’effet naturel du commerce est
de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent
réciproquement dépendantes : si l’une a intérêt d’acheter, l’autre à intérêt de
vendre ; et toutes les unions sont fondées sur les besoins mutuels.
Mais, si l’esprit de commerce
unit les nations, il n’unit pas de même les particuliers. Nous voyons que dans
les pays où l’on n’est affecté que de l’esprit de commerce, on trafique de toutes les actions humaines, et de toutes
les vertus morales : les plus petites choses, celles que l’humanité demande,
s’y font ou s’y donnent pour de l’argent.
L’esprit de commerce produit dans
les hommes un certain sentiment de justice exacte, opposé d’un côté au
brigandage, et de l’autre à ces vertus morales qui font qu’on ne discute pas
toujours ses intérêts avec rigidité, et qu’on peut les négliger pour ceux des
autres.
Montesquieu, De l’esprit des lois
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