« En ce temps-là, les
nobles tournant en dérision les paysans et les humbles, les désignaient par le
terme de Jacques Bonhomme. Aussi ceux qui, en cette année, se comportèrent dans
la guerre de manière des campagnards, raillés et méprisés par les autres, prirent
ce surnom de Jacques Bonhomme et perdirent l’appellation de paysans : c’est
sous ce nom que les travailleurs de la terre furent désignés par la suite, tant
en France qu’en Angleterre. Mais, ô douleur ! beaucoup de ceux qui à ce moment
en plaisantaient en furent victimes par la suite. En effet, beaucoup périrent
plus tard misérablement de la main des paysans, tandis qu’un grand nombre de
paysans furent massacrés par quelques nobles et virent en représailles leurs
villages livrés aux flammes […]. Et une autre détresse persista : il en alla de
même autour de Paris. En effet, aucun noble n’osait se montrer hors des
châteaux forts ; car si les paysans l’avaient aperçu ou qu’il fût tombé entre
leurs mains, ou bien il aurait été massacré, ou bien il n’en aurait échappé que
fort malmené. Les paysans prirent tant de force qu’on pouvait les estimer à
plus de cinq mille, recherchant les nobles et désireux de les supprimer avec
leurs femmes et leurs enfants. Mais cette entreprise monstrueuse ne dura pas
longtemps ; elle cessa de soi-même, ce n’est pas Dieu qui y mit fin […]. Car,
ceux qui au départ s’étaient lancés dans cette affaire par amour de la justice,
et parce que leurs seigneurs, loin de les défendre, les opprimaient,
descendirent à des actes vils et abominables ; à ce que l’on rapporte, ils se
livraient à des violences contre les nobles dames, massacraient les petits
enfants nobles innocents, volaient les richesses, et s’habillaient, ainsi que
leurs paysannes de femmes, avec trop de soin. Ainsi ces mauvaises actions ne
pouvaient se perpétuer longtemps. Ce n’était pas décent. Les chevaliers les
nobles refaisant leurs forces et désirant se venger s’unirent fortement et
parcourant les campagnes boutèrent le feu à la plupart des domaines ; ils
égorgèrent misérablement les paysans, les traîtres comme les autres, dans leurs
demeures ou occupés à travailler les vignes ou les champs […].
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