La Bataille suprême
est engagée !
Après tant de
combats, de fureurs, de douleurs, voici venu le choc décisif, le choc tant
espéré. Bien entendu, c'est la bataille de France et c'est la bataille de la
France !
D'immenses moyens
d'attaque, c'est-à-dire pour nous, de secours, ont commencé à déferler à partir
des rivages de la vieille Angleterre. Devant ce dernier bastion de l'Europe à
l'ouest fut arrêté naguère la marée de l'oppression allemande. Voici qu'il est
aujourd'hui la base de départ de l'offensive de la liberté. La France,
submergée depuis quatre ans, mais non point réduite, ni vaincue, la France est
debout pour y prendre part.
Pour les fils de
France, où qu'ils soient, le devoir simple et sacré est de combattre par tous
les moyens dont ils disposent. Il s'agit de détruire l'ennemi, l'ennemi qui
écrase et souille la patrie, l'ennemi détesté, l'ennemi déshonoré.
L'ennemi va tout
faire pour échapper à son destin. Il va s'acharner sur notre sol aussi
longtemps que possible. Mais, il y a beau temps déjà qu'il n'est plus qu'un
fauve qui recule. De Stalingrad à Tarnapol, des bords du Nil à Bizerte, de
Tunis à Rome, il a pris maintenant l'habitude de la défaite.
Cette bataille, la
France va la mener avec fureur. Elle va la mener en bon ordre. C'est ainsi que
nous avons, depuis quinze cents ans, gagné chacune de nos victoires. C'est ainsi
que nous gagnerons celle-là.
En bon ordre ! Pour
nos armées de terre, de mer, de l'air, il n'y a point de problème. Jamais elles
ne furent plus ardentes, plus habiles, plus disciplinées. L'Afrique, l'Italie,
l'océan et le ciel ont vu leur force et leur gloire renaissantes. La Terre natale
les verra demain !
Pour la nation qui se
bat, les pieds et les poings liés, contre l'oppresseur armé jusqu'aux dents, le
bon ordre dans la bataille exige plusieurs conditions.
La première est que
les consignes données par le Gouvernement français et par les chefs français
qu'il a qualifiés pour le faire soient exactement suivies.
La seconde est que
l'action menée par nous sur les arrières de l'ennemi soit conjuguée aussi
étroitement que possible avec celle que mènent de front les armées alliées et
françaises. Or, tout le monde doit prévoir que l'action des armées sera dure et
sera longue. C'est dire que l'action des forces de la Résistance doit durer
pour aller s'amplifiant jusqu'au moment de la déroute allemande.
La troisième
condition est que tous ceux qui sont capables d'agir, soit par les armes, soit
par les destructions, soit par le renseignement, soit par le refus du travail
utile à l'ennemi, ne se laissent pas faire prisonniers. Que tous ceux-là se
dérobent d'avance à la clôture ou à la déportation ! Quelles que soient les
difficultés, tout vaut mieux que d'être mis hors de combat sans combattre.
La bataille de France
a commencé. Il n'y a plus, dans la nation, dans l'Empire, dans les armées,
qu'une seule et même volonté, qu'une seule et même espérance. Derrière le nuage
si lourd de notre sang et de nos larmes voici que reparaît le soleil de notre
grandeur !
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