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vendredi 5 juin 2015

Médiation, droit collaboratif, gare au miroir aux alouettes!

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Quand j’ai vu la date d’expiration de ma nouvelle carte d’identité, je me suis demandé s’il fallait que je me préoccupe de la concession funéraire ; cela pour dire que la jeunesse est toujours là, mais que cet imbécile de corps a du mal à en garder conscience.
Hier, dans une audience quelconque, avec Jeanne, qui entre dans sa 40e année d’exercice, nous avons discuté longuement pour savoir comment parvenir à trouver une solution à un dossier immobilier.
C’est assez naturel, vous savez que les avocats normalement constitués, normalement intelligents, normalement professionnels, prennent en compte les situations factuelles, l’engorgement de la justice, son inadaptation parfois, pour trouver des solutions.
D’ailleurs certaines procédures, notamment devant le tribunal d’instance, ne comportent-t-elle pas une audience de conciliation ?
C’est vrai qu’à Marseille cette démarche procédurale n’est pas appliquée.
Mais ce n’est pas la faute des avocats.
N’est-ce pas Madame Taubira ?
Alors voyez-vous, je ne vois pas pourquoi il faudrait accepter de se fouetter, de se dévaluer, de laisser dire et faire croire que nous ne sommes bons, nous les avocats, qu’à vendre du vent et des paroles.
Parce que ce n’est pas vrai.
Aujourd’hui, la tendance annoncée, semble-t-il aussi certaine que le réchauffement climatique, c’est donc la médiation, le droit collaboratif; pourquoi pas ?
Simplement, sous ce joli mot, se cache une réalité qui peut être aussi déplaisante que le miroir aux alouettes.
Voyez-vous, quand nous recevons des gens, que parfois nous ne faisons pas payer (non parce que les notaires, vous savez…), nous avons présent à l’esprit le coût des choses, surtout dans une ville pauvre comme l’est Marseille.
Et moi ce qui m’inquiète c’est l’aspect financier que, dans ces histoires-là, chacun fait mine d’oublier.
La Chancellerie, c’est évident.
Parce que si vous voulez mon avis, la médiation ne l’intéresse pas pour des raisons intellectuelles et désintéressées, mais uniquement budgétaires.
N’oublions pas que l’actuelle ministre de la justice n’est pas une technicienne et qu’elle se désintéresse du fonctionnement quotidien de l’institution pour préférer la poésie des grands mots.
Donc la Chancellerie, et plutôt Bercy ont une obsession : alléger les coûts.
Et la solution idéale, c’est la déjudiciarisation : on confie à d’autres ce qui était confié au juge.
Donc le conciliateur, le médiateur.
Vous l’avez peut-être déjà rencontré,  ce gentil retraité…
Et là, se lèvent toutes sortes d’associations, de professionnels sublimes, magnifiques, omnipotents qui vont vendre leurs compétences, ce qui n’est pas une critique.
Simplement le médiateur sera payant là où le juge est  gratuit.
Et s’il s’agit d’un médiateur professionnel, il y a peu de chances que ce soit pour 100 €.
Le tarif d’un médiateur avec qui j’avais discuté était plus important que mes propres honoraires dans un dossier familial…
Mais, peu importe, n’est-ce pas ?
Et si la médiation ne fonctionne pas ?
Quant à la procédure collaborative qui n’est jamais que mettre en musique ce que la plupart des avocats font, c’est-à-dire tenter de trouver d’abord une solution amiable, je vois quand même une difficulté.
On vous explique benoîtement que si ça ne marche pas, alors les avocats en charge devront se dessaisir du dossier.
Je suppose que les tenants de cette solution estiment dès lors qu’ils ne factureront pas car, là encore cela signifierait faire payer deux fois les clients qui devront ensuite aller au contentieux.
Est-ce raisonnable ?
Ce qui me choque dans tout cela c’est que d’un côté il y a une Chancellerie hypocrite et de l’autre des professionnels qui cherchent en toute bonne foi à gagner du chiffre d’affaires, mais que la question financière n’est pas abordée.
Alors, vous voyez, je me dis que Jeanne et  moi on est peut-être plus honnête.
Nous, on cherche à gagner notre vie, bien sûr.
Sans dire forcément que les autres sont des nuls ne savent pas faire, sans être dans les jeux de rôle ou autres facéties vides.
Car derrière les beaux mots, des process inutilement lourds (donc chers), c’est peut-être de vide obligatoire qu’il s’agit.

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