Je voudrais aussi vous parler très franchement d'un sujet extrêmement
important. Entre nous, nous allons l'aborder franchement, mais en
public, nous ne devrons jamais en parler, pas plus que du 30 juin 1934(1) date à laquelle nous n'avons pas hésité à faire notre devoir comme on
nous l'avait ordonné, et à mettre nos camarades qui s'étaient montrés
indignes, contre un mur et à les exécuter. C'était pour nous une
question de tact de n'en avoir pas discuté, de n'en avoir pas parlé.
Chacun en a été effrayé, et pourtant, chacun sait qu'il le fera à la
prochaine occasion, si on lui en donne l'ordre et si cela est
nécessaire.
Je voudrais parler de l'évacuation des Juifs, de l'extermination du
peuple juif. Voilà une chose dont il est facile de parler. " Le peuple
juif sera exterminé " dit chaque membre du Parti, " c'est clair dans
notre programme : élimination des Juifs, extermination : nous le ferons
". Et puis, ils arrivent, 80 millions de braves Allemands, et chacun a
son " bon " Juif. " Evidemment les autres sont des porcs, mais celui-là
est un Juif de première qualité ". Pas un de ceux qui parlent ainsi n'a
vu ce qui se passe. Pas un n'était sur place. La plupart d'entre vous
savent ce que c'est que de voir un monceau de 100 cadavres ou de 500 ou
de 1000. Etre passé par là, et - excepté les cas de faiblesse humaine,
en même temps, être resté correct, voilà qui nous a endurcis. C'est une
page de notre histoire qui n'a jamais été écrite et ne le sera jamais,
car nous savons combien il serait difficile pour nous aujourd'hui - sous
les bombes, les privations et pertes de guerre - d'avoir encore des
Juifs dans chaque ville agissant comme saboteurs, agitateurs et fauteurs
de troubles. Si les Juifs étaient encore logés dans le corps de la
Nation allemande, nous aurions à l'heure qu'il est, atteint le niveau de
1916-1917.
Les richesses qu'ils possédaient, nous les leur avons enlevées. J'ai
donné un ordre formel, qui a été exécuté par le SS Obergruppenführer
Pohl pour que ces richesses soient bien sûr intégralement transmises au
Reich. Nous n'avons rien pris pour nous-mêmes. Ceux qui ont fauté seront
punis conformément aux ordres que j'ai donné au départ, précisant que
quiconque s'approprie le moindre mark de cet argent, est un homme mort.
Un certain nombre de SS - ils ne sont pas très nombreux - ont commis ce
crime, et ils mourront. Il n'y aura pas de pitié. Nous avions le droit
moral, nous avions le devoir envers notre peuple, de détruire ce peuple
qui voulait nous détruire. Mais nous n'avons pas le droit de nous
enrichir, fût-ce d'une fourrure, d'une montre, d'un mark ou d'une
cigarette ou de quoi que ce soit d'autre. Nous ne voulons pas à la fin,
parce que nous avons exterminé un bacille, être infecté par ce bacille
et en mourir. Je ne resterai pas là à observer passivement tant que la
moindre tâche pourrie se développe ou tient bon. Quelle que soit la
forme qu'elle emprunte, nous devons ensemble la brûler. De toute façon,
nous pouvons dire que nous avons réalisé cette mission des plus
difficiles, animés par l'amour pour notre peuple. Et ni notre être, ni
notre âme, ni notre caractère n'en ont été atteints…
Discours de Himmler devant des officiers SS à Poznan, 4 octobre 1943
1 Référence à la " Nuit des longs couteaux " - meurtre de Röhm, des chefs SA et autres liquidations.
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