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samedi 7 novembre 2015

Onfray, la mort du père.

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Au milieu de cette place, mon père s'est arrêté, je lui tenais le bras. Il n'avait pas besoin de cela pour marcher. Il m'a dit: « il faut que je me mouche. Il s'est mouché avec son grand mouchoir à carreaux. Un petit souffle suivi d'un autre puis d'un troisième. Il a remis son mouchoir dans sa poche.

Pendant ce temps, j'ai levé les yeux au ciel pour chercher l'étoile polaire. Le ciel était marron, un mélange de noir de la nuit et d'orange des lumières, une couleur laide, indéfinissable qui noie la beauté du cosmos dans la pâleur électrique de la civilisation. J'ai dit à mon père: « nous ne verrons pas notre étoile polaire ce soir. » Il m'a répondu: « Non, ce soir le ciel est couvert... » Puis il est mort debout; je l'ai couché dans le néant; ses beaux yeux bleus le regardaient fixement. Il aurait eu quatre vingt neuf ans deux mois plus tard....


Je ne crois pas aux signes post-mortem. Mais je crois, pour l'avoir vécu, expérimenté, que ce soir là, à ce moment, dans cette occasion-là, mon père m'a transmis un héritage. Il m'invitait à la rectitude contre les chemins de traverse, à la droiture contre le zigzag, aux leçons de la nature contre les errances de la culture, à la vie debout,à la parole pleine, à la richesse d'une sagesse vécue. Il me donnait une force sans nom, une force qui oblige et qui n'autorise pas.


Michel Onfray, Cosmos

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