Derrière les grands
mots se trouve en général une réalité moins flamboyante.
Je ne parlerai même
pas ici des grands principes démocratiques, de l’importance du juge indépendant,
de la nécessité d’avocats respectés, c’est le principe même de la respiration
démocratique.
Dans ce pays, on
respire mal avec une glorification de tout ce qui administratif.
Petit à petit on
cherche à évacuer le juge, cet importun ; on préfère le remplacer par des
commissions sans se poser le moins du monde la question des principes
démocratiques.
C’est que, voyez-vous
il faudrait réfléchir au-delà des apparences.
Ainsi, la Chancellerie
et Bercy, surtout Bercy, mettent en
avant désormais la médiation et autres MARD et chacun d’applaudir à l’unisson.
Sans réaliser un
instant que c’est une façon comme une autre de moins dépenser, de privatiser un
peu plus la justice, de faire payer les justiciables.
Aux oubliettes, le
juge gratuit !
Il ne s’agit pas ici
de dire que l’adaptation du monde judiciaire n’est pas nécessaire, indispensable
même, il s’agit de dénoncer l’hypocrisie de ceux qui gouvernent.
Évidemment, se pose
la question de l’argent.
Alors on étend,
démagogiquement, le domaine de l’aide
juridictionnelle et on prévoit de financer par une diminution des indemnités
versées aux avocats et un impôt sur les avocats.
Je me demande dans
quelle mesure il n’y a pas une volonté, inconsciente bien sûr, d’affaiblir
encore plus les avocats.
Car enfin la
résultante de tout cela est de créer des avocats qui eux-mêmes auront au moins
la chance de pouvoir bénéficier de l’aide juridictionnelle, on le voit dans les
grandes villes, notamment.
Tout cela est
hypocrisie, ligne budgétaire pour Bercy, posture pour la Chancellerie.
Défendre une personne
nécessite une implication, une compétence, du temps et du travail.
Je sais bien que,
parfois, l’idée reste que les avocats sont riches et peuvent donc supporter les
dossiers non rentables.
On parle même encore du
pro bono.
Moi, le pro bono je
trouve qu’il a des relents de charité d’ancien temps.
Je préfère penser qu’une
justice est digne quand elle est en mesure de faire que ceux qui assurent la
défense des faibles soient rémunérés correctement de telle manière qu’ils
puissent vivre, eux-mêmes, correctement.
Aujourd’hui, chacun
sait que cela n’est pas le cas mais, peu importe.
Ce qui compte, ce
sont les effets d’annonce, et la gloire
de la ministre.
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