C’est Maurice Druon,
secrétaire perpétuel de l’Académie française, président du groupe de travail
qui a présenté le 19 juin 1990 le rapport donnant lieu aux modifications de
quelques règles orthographiques paraissant devoir s’appliquer… 25 ans après
Je ne sache pas que
Maurice Druon ait été un de ces horribles pédagogistes qui rendent la vie supplicielle
à nos enfants.
Il a résumé comme
suit les principes qui ont régi le travail de l’époque :
« Primo :
Il a été entendu que
les propositions des experts devraient être à la fois fermes et souples : fermes,
afin que les rectifications constituent une nouvelle norme et que les
enseignants puissent être informés précisément de ce qu’ils auront à enseigner
aux nouvelles générations d’élèves ; souples car il ne peut être évidemment
demandé aux générations antérieures de désapprendre ce qu’elles ont appris, et
donc l’orthographe actuelle doit rester admise.
La situation est en fait
la même qu’en 1835 quand la graphie oi fut remplacé par la graphie ai conforme
à la prononciation d’usage dans les mots j’avais, j’aimais, français.
Chateaubriand approuva cet ajustement, tout en continuant d’écrire comme il en
avait l’habitude.
Secundo :
Il a été entendu que
les améliorations seraient fondées sur le souci d’utilité et que les travaux
porteraient en premier lieu sur les points qui aujourd’hui posent le plus de
problème, non seulement aux enfants mais aussi aux adultes, écrivain compris.
Ce qui est proposé a pour objectif de mettre fin à des hésitations, à des
incohérences impossibles à enseigner de façon méthodique, à des « scories » de
la graphie, qui ne servent ni la pensée, ni l’imagination, ni la langue, ni les
utilisateurs.
Ces rectifications ne
prétendent pas à rendre l’orthographe simple et rationnelle. D’aucuns s’en
affligeront, d’autres s’en réjouiront. On rappellera seulement que, si la
logique doit régir la syntaxe, c’est beaucoup plus l’usage et les circonstances
historiques ou sociales qui commandent au vocabulaire et à sa graphie.
Tertio :
Il a été entendu que
les propositions s’appuieraient sur ce qu’il est convenu d’appeler « le génie
de la langue », les usages qui s’établissent, les tendances à la cohérence déjà
repérables, les évolutions déjà amorcées.
Quatro :
Il a été entendu que
les modifications seraient mesurées, qu’elle n’entraînerait pas de
bouleversements et qu’on s’en assurerait par des moyens informatiques. On a pu
ainsi constater que les mots affectés par les modifications, dans une page de
roman, fût-elle de Proust, se comptaient sur les doigts d’une seule main. »
Aucunement une langue
n’est-elle figée, elle évolue ; elle le doit.
L’Académie française
veille jalousement à la défense de la langue mais c’est parfaitement que
défendre, ce n’est pas figer les choses, c’est savoir accompagner leur évolution.
Il y a beaucoup à
dire sur l’échec de l’Education nationale, mais pour le coup les cris d’orfraie
que l’on entend paraissent un peu exagérés, voire empreints d’une certaine mauvaise
foi.
Si vous avez envie
vous pouvez lire le rapport présenté en 1990 dans son intégralité : c’est
ici.
Bon courage !
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