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vendredi 29 août 2014

Avocats, au temps perdu du fax!



D'un côté, il y a le marasme économique, le chômage, les chiffres d'affaires qui flageolent, la concurrence, qui de sauvage est devenue barbare.
De l'autre, les articles consacrés à la profession d'avocat ; cet appel constant à innover ou bien à mourir, sans même l'intervention aidante des islamistes radicaux.
Tenez, le regard porté sur les avocats est tel, que dans un article de DROIT-INC, venu de la Belle Province, donnant des conseils aux avocats novices, je lis ceci :

« Savoir se servir du fax : Eh oui, les avocats aiment encore utiliser les fax… En tant que jeune ayant grandi avec internet, vous n’avez sûrement pas eu la chance d’utiliser souvent ses machines ancestrales. C’est le temps de revisiter le passé et d’apprendre. Ainsi, lorsqu’on vous demandera d’envoyer à trois heures du matin un paquet de documents in extremis en Croatie, vous serez prêt! » (Vous aurez noté le « ses » machines, tout fout le camp ma bonne dame !)

Je me souviens, car j'ai atteint un âge où l'on peut se souvenir, quand j'étais jeune avocat, au milieu des années 80 et où je fréquentais, pour raisons familiales, la Corse le week-end, d'un avocat Corse.
Je me souviens de son nom, mais ne le dirai pas préférant utiliser son surnom : kiki dort.
Mais je ne sais pas pourquoi, je ne veux pas une balle perdue.
Cet homme-là de me demander, à l'époque, si j'avais un fax ; je lui ai répondu non pour n'en avoir pas l'utilité, n'osant pas lui dire que je ne savais pas ce que c'était ; télécopie j'aurais peut-être compris, c’est pas sûr.
Mais l'outil n'était pas encore arrivé dans les cabinets.

Il me semble que l'évolution des technologies s'est évidemment accélérée et qu’il y a plus de modifications intervenues depuis les années 80 qu'entre les années 50 et les années 80.
Cette évolution dans le monde du travail n'a rien de propre à la profession d'avocat et l'on voit, dans celle-ci comme ailleurs, la disparition programmée des assistantes salariées, la porosité entre le temps de travail et le temps libre, la nécessaire adaptation à la rapidité aujourd'hui demandée dans les rapports professionnels.
Alors il faut donc s'adapter tout en étant confronté à un droit du travail figé, à des organismes publics et parapublic qui ont conservé une mentalité d'administrateur, dont Pascal Lamy disait ce matin qu'elle correspondait au temps des colonies !
En fait, la plupart des articles juridiques traite des cabinets parisiens car sur ce plan,  la France n’a changé, c'est à la Cour du Roi que tout se passe.

Dans la réalité des cabinets d'avocats de province, si le changement est technique, il passe probablement surtout par une remise en cause comportementale, par l'acceptation du fait que le client, désormais, a accès à de multiples informations juridiques, qu'il est habitué à une rapidité d'exécution au moindre coût, à comparer les intervenants et, quelque part, à être volatil, voire volatile.
Bien sûr, l'innovation technique est implacable, mais le pire est probablement la transformation mentale qu'elle doit impliquer dans la gestion professionnelle des bavards qui doivent devenir bavards… du clavier.

Mais, rassurons-nous, le fax existe toujours, simplement intégré dans des machines multifonctions.
J’en ai une qui cire les chaussures.
Et de toute façon, autrefois, il y avait aussi le télex et ça, je n'ai jamais vraiment compris à quoi ça servait, à part, je crois les maritimistes.
Mais nous autres avocats devons surtout  avoir peur des imprimantes 3D.
Déjà, j'ai lu des articles reprochant la facturation horaire aux cabinets d'avocats, (toujours les Parisiens), demandant soit un forfait, soit que certaines tâches soient dédiées à des juristes de premières année, voire automatisées, et cela pose la question de l'intelligence artificielle dans le futur.
Peut-être, bientôt, les imprimantes 3D fabriqueront-elles des avocats robots standardisés correspondant à la nécessaire évolution économique ?
J’assume un côté réactionnaire et discriminant et tout et tout : on peut avoir des avocates et choisir le modèle ? Oui, je sais, c’est honteux d’écrire ça !

Enfin, nous allons bien voir ce que va donner la Macron-économie.
À oui, au fait, la réforme des professions réglementées…
Allez, Bonne rentrée !

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