Il ne s’agit pas de
parler avec Alain Finkielkraut d’identité malheureuse, ou avec Alain Juppé d’identité
heureuse, mais de s’interroger pour savoir si l’histoire a forcément un sens
et, si elle en a un, si ce sens signifie immanquablement le progrès des
libertés individuelles.
Le débat sur le voile
revient, pour savoir s’il convient de l’interdire dans l’enseignement supérieur
et c’est là, je crois, qu’Alain Juppé a évoqué, dans les temps passés, ces
femmes se couvrant la tête pour rentrer à l’église.
Il y a ce souvenir
dans nos campagnes, effectivement, des femmes sinon voilées, du moins à la tête
couverte et nous pourrions évoquer la Corse à cet égard.
Mais, est-ce le débat
?
L’occidentalisation n’est
pas forcément significative de progrès et quand, en Égypte, en Iran, en Turquie
les femmes ont été dévoilées, les sociétés n’étaient peut-être pas moins dures.
Mais les dérives
folles de l’État islamique montrent assez que le principe du voile entraîne la
soumission de la femme et le retour pour elle à une société qui se tourne plus
vers un passé obscur que vers un avenir radieux.
Pendant que les
instances européennes discutent de la fessée, le Moyen Âge paraît revenir en
force, ailleurs.
La laïcité à la
française a quelque chose de particulier dans le monde démocratique occidental,
de plus affirmé, de plus volontaire.
Elle est un combat
pour promouvoir les fondements républicains : liberté, égalité, fraternité.
Elle est, dans l’histoire
du pays, combat contre l’église, mais également les régionalismes.
Elle a construit une
société républicaine.
Aujourd’hui cette
société paraît douter, ne plus oser affirmer la force de ses convictions, s’empêtrer
dans des culpabilisations toujours plus nombreuses, débilitantes, incompréhensiblement
parisiennes et éthérées
Même dans les
campagnes les têtes couvertes disparaissent alors que l’on voit les têtes voilées
fleurir dans les cités des villes, comme un contresens.
Car les esprits
savants peuvent discourir de la symbolique du voile, celui-ci revient dans un
environnement de misère sociale et culturelle et représente plus, aujourd’hui,
une symbolique de soumission de la femme qu’autre chose.
Alors, oui, il est
légitime de poser la question de l’extension de l’interdiction du voile dans l’enseignement
supérieur, celui-ci étant symbole même de la pensée républicaine.
Car on peut se dire
que l’histoire n’a pas forcément un sens naturel, qu’elle est ce qu’en font les
hommes et que si ce sont ceux qui prônent la régression qui sont les plus
combatifs, alors la régression viendra.
N’en déplaise aux
esprits naviguant dans les nuages de l’intellectualisme, en pratique, le
développement du voile est l’expression de la faiblesse de notre république.
Il est à combattre.
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