Alors, voilà, le Premier
ministre a peur pour la France, a peur du péril d’extrême droite et sillonne le
pays pour défendre les libertés menacées avec une rhétorique toute sarkozienne
dans la finesse et la mesure.
Pourquoi pas !
La France est le pays
des droits de l’homme, conscience de l’humanité universelle, etc. etc.
Mais si l’on regarde
derrière soi, les dictatures du XXe siècle, notamment, on constate qu’il y a eu
les noires, et les rouges.
Et celui qui défend
les libertés publiques et bien obligé alors de dire : citoyen garde toi à gauche, garde toi à droite.
Or pendant qu’on
pointe le doigt vers une menace, on en occulte une autre, tout aussi
importante, quoique différente dans sa nature.
La loi sur le
renseignement, en gestation, prévoit en
vertu de critères étendus et hélas bien
flous, le recours à des techniques très intrusives sans l’aval d’un juge !
Le président de
l’actuelle Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, condamnée
à être remplacée par une nouvelle
autorité administrative, a estimé dans Le Monde que «la nouvelle commission
disposera de moins de pouvoirs qu’aujourd’hui».
Et, voyez-vous, la
dictature de l’administration cela existe ; c’est un modèle un peu
collectiviste mais qui n’est pas d’essence démocratique.
Le principe
démocratique est de veiller à la protection de la liberté individuelle, de la
vie privée en la mettant sous le contrôle du juge judiciaire dont c’est la raison
d’être.
Ce juge est habitué à
veiller à ce que les mesures portant atteinte aux libertés, quand c’est
nécessaire, le soient en fonction de critères légaux stricts, définis, et sous
son contrôle puisqu’il est indépendant.
À partir du moment où
un pouvoir commence à envisager des mesures attentatoires à la vie privée selon
des critères flous, sans contrôle du juge judiciaire, et avec un simple
contrôle administratif ; que l’on le veuille ou non c’est une régression
démocratique.
Et c’est un danger
important, tout aussi important que ce qui fait glapir la bien-pensance.
Comment ne pas
éprouver une grande colère quand on voit que les grandes consciences de la
gauche se taisent, comme tétanisées ?
On peut vouloir
combattre le terrorisme et cependant veiller au respect de la démocratie.
Allez, que la droite
propose de telles mesures préférant axer la réflexion sur la sécurité plus que sur
la liberté, pourquoi pas !
Mais c’est bien
justement là que la gauche est importante pour participer au débat en rappelant
toujours la défense des libertés publiques.
C’est grâce à cet
équilibre que la démocratie respire
Aujourd’hui, quel
silence affligeant !
Que l’on me pardonne
comme une obsession, mais oui, Madame Taubira qui est toujours prompte à se
mettre en avant et qui sur ce débat important a bien son mot à dire en tant que
Garde des Sceaux, ministre de la justice se tait lourdement, comme tous les
hiérarques satisfaits de son ministère.
Faut-il croire alors que les consciences de gauche estiment qu’il
faut faire une confiance absolue à l’état ?
Que l’on pardonne au
citoyen d’estimer que l’affaiblissement continu du juge judiciaire est
corrélatif à celui de la démocratie et que, non, l’administration qui métastase
notre pays n’est pas en elle-même une garantie des libertés ; elle est à l’inverse
une menace.
Le garant des
libertés individuelles, c’est le juge judiciaire et quand on veut l’écarter, c’est
avec une volonté délibérée contraire à l’esprit démocratique.
Voilà c’est tout.
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