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mercredi 29 octobre 2014

Pour le "démarchage" des Avocats!


Il fut un temps, c’était hier, où l’avocat était  un seigneur, un prince de l’esprit, un notable que l’on respectait
C’était le temps où la question de l’honoraire était de celle qui était malséante ;  le client respectueux offrait quelques cadeaux.

J’ai, dans mon bureau, le tableau de l’ordre des avocats au barreau de Cahors pour l’année judiciaire 1910-1911.
Ils sont neuf.
Il y a huit stagiaires.
Ils sont quatre au Conseil de l’ordre.
Ils devaient être beaux, en ce temps-là, avec leurs robes et leurs toques.

Je ne sais quelle est à ce jour la situation du barreau de Cahors, mais je sais qu’au barreau de Marseille coexistent 1900 avocats et je sais que l’avocat n’est plus vraiment un seigneur car, si tel était le cas, son banquier parfois ne lui demanderait pas d’agios, ni ne rejetterait ses chèques.
Pourtant, certains pensent encore que, comme autrefois, le client viendra, par le bouche-à-oreille, dans son cabinet ; ceux-là  qui parfois expliquent, et c’est beau, qu’ils ont des problèmes avec la question de l’honoraire.
La question de l’argent, c’est mal pour un seigneur.

Qui peut croire que les choses fonctionnent encore ainsi ?

Vient donc d’être publié un décret permettant le « démarchage » à l’avocat :


« Art. 15. - La publicité et la sollicitation personnalisée sont permises à l'avocat si elles procurent une information sincère sur la nature des prestations de services proposées et si leur mise en œuvre respecte les principes essentiels de la profession. Elles excluent tout élément comparatif ou dénigrant.

« La publicité s'opère dans les conditions prévues par le décret du 25 août 1972 susvisé.

« La sollicitation personnalisée prend la forme d'un envoi postal ou d'un courrier électronique adressé au destinataire de l'offre de service, à l'exclusion de tout message textuel envoyé sur un terminal téléphonique mobile. Elle précise les modalités de détermination du coût de la prestation, laquelle fera l'objet d'une convention d'honoraires. ».


Je n’y vois pas pour ma part la fin du monde, là où certains de mes confrères, plus purs que je ne suis, ou moins soucieux peut-être de leur avenir professionnel, utilisent un mot en quatre lettres visant en général une profession, pourtant tout à fait respectable et déambulatoire.

Quelle est l’unité économique qui peut aujourd’hui fonctionner sans un minimum de gestion et sans un minimum de démarches visant à faire connaître qu’elle existe et quelle est la nature de son activité ?
La communication informative n’est pas, par nature de la prostitution, (Sinon, les commerciaux...),mais peut être une information utile, si elle est faite avec correction.

Et que les chantres du passé me pardonnent, mais la correction est une question d’hommes et pas d’époque.
Nous savons assez, dans les barreaux, les pratiques parfois étonnantes des uns  et des autres, bâtonnier compris, dans les décennies passées.
Ces cartes délaissées presque sur les cadavres
Ces comportements de voyous; rares, oui, mais.
La vraie question est plutôt de savoir comment cette communication pourra être accessible aux petits et moyens cabinets; communication à l’évidence nécessaire.
Il y a des combats qui ne faut pas mener quand ils sont perdus d’avance.
Il existe ainsi, des sites qui offrent, pour quelques euros, des prestations concernant l’introduction d’une instance judiciaire dont les montants sont parfois minimes et que les cabinets d’avocats ne pourraient pas assumer au même coût..
Il ne s’agit pas, me semble-t-il, de chercher à supprimer ces sites, (dans la mesure où ils ne violent pas la loi), mais d’inciter les Ordres comme l’a proposé le conseil national des barreaux, à créer eux-mêmes de tels sites qui pourraient être animés par des avocats ainsi rémunérés en ces temps de crise grave.

De la même manière, pardon, mais chacun devine bien que la compétence territoriale est condamnée, qui n’empêchera pas cependant une forme de sous-traitance, si nécessaire.

Mais s’il est un combat, aujourd’hui, qui mérite d’être mené, c’est bien celui contre l’avocat en entreprise dont on nous dit qu’il pourra plaider pour son patron, qu’il  ne dépendra pas, en cas de litige des ordres  et que son secret professionnel ne sera pas opposable à son employeur.
Là, on touche au cœur de l’identité de la profession d’avocat : l’indépendance consubstantielle à son existence rappelle la CEDH.
Mais le fait pour un avocat d’avoir l’autorisation de faire savoir qu’il existe est conforme au temps  qui évolue.
Rappelons que si la profession peut survivre, elle doit bien s’adapter.

Et comme disait le Guépard : il faut que tout change pour que rien ne change.


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