Je
ne suis pas un vieux con, enfin je ne pense pas.
Encore
qu’il y ait quelques jours mon épouse disait que la femme de ménage avait mon
âge et ne pourrait bientôt plus travailler, ce qui n’est pas vraiment un propos
optimisant.
En
tout cas je suis un avocat qui exerce sa profession à prédominance judiciaire
près d’une juridiction et qui subit l’explosion démographique de la profession
dans une ville pauvre, Marseille.
Oui, la villes des poubelles et des balles qui sifflent comme des olives lancées de partout.
Parfois,
les règles déontologiques m’agacent quand elles ont un caractère archaïque, corsetant et empêchant en fait l’adaptation de l’esprit
au monde qui vient et que l’on nous vend pourtant.
Quand on débat sur la taille d'une plaque...
L’avocat
est un homme économique et c’est à lui à s’adapter aux progrès techniques, au
changement des comportements et à l’exigence accrue de compétence qui en
découle d’ailleurs.
Ce
n’est pas la déontologie qui attirera le consommateur.
Nous
assistons à des débats sur la gouvernance de la profession d’avocat, débats
légitimes, importants, mais l’avocat de base a quand même l’impression que c’est
plus le débat sur la gouvernance elle-même qui compte que l’avenir de l’armée
mexicaine des petits soldats.
Le
président du Conseil national des barreaux est dans son rôle quand il évoque un
avocat du futur déconnecté du territoire et des juridictions.
Peut-être
sera-ce le cas.
Mais
à ce jour la majorité des professionnels exercent dans un territoire et près d’une
juridiction même si leur chiffre d’affaires est inférieur aux grandes firmes
qui paraissent finalement dominer la pensée professionnelle.
L’avocat
ou l’avocate qui se dévoue à l’aide juridictionnelle (ce n’est pas moi) a plus
de prix à mes yeux que les grands cabinets parisiens ou anglo-saxons même si ce
sont ces derniers qui petit à petit tiennent le maillet.
Le
cœur de la profession, ses racines, c’est bien l’avocat qui défend devant le
tribunal.
Je
crois que celui-là devrait être défendu avec acharnement car c’est lui la
colonne vertébrale spirituelle et intellectuelle de la profession.
Est-ce le cas?
Si
l’on considère qu’il est moins important parce que l’avenir de la profession et
autres, alors l’avenir de la profession sera autre, mais ce sera une autre
profession.
Comment
concilier les nécessités économiques des cabinets d’affaires et les nécessités
démocratiques des cabinets judiciaires?
Je
vais dire un gros mot : non ce n’est pas le même métier.
Je sais, ce n'est pas bien de le penser.
Vieux
con, ai-je dit.
Et
le métier de proximité, d’humanité, n’est-il pas enterré un peu vite, poussé dans la tombe, par la
profession elle-même rêvant de puissance quand ses fondations s’altèrent ?
Vous
me direz que ma propre épouse a l’air de penser que bientôt je ne pourraisplus
travailler…
Bah,
j’ouvrirai un musée de la pensée.
J'en serai le conservateur.
Et je vous ferai un prix.
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