On
peut se demander si le décret plafonnant les frais d’agence en matière de baux d’habitation remplira son objectif
social
Et voilà, ça y est !
Le décret du 1er août
2014 imposant le plafonnement des
honoraires de location d’un logement (frais d’agence) demandés aux locataires
par les professionnels de l’immobilier est entré en vigueur
Ses dispositions s’appliquent à compter du 15 septembre 2014
aux seuls baux d’habitation, cependant.
Ce texte prévoit que le
montant des honoraires de location payés par le locataire au titre de
l’organisation des visites, de la constitution du dossier, de la rédaction du
bail, hors état des lieux, ne pourra excéder celui qui est payé par le bailleur,
imposant donc un partage .
Le montant devra en outre être inférieur ou égal à un
plafond établi par mètre carré de surface habitable du logement loué.
Les montants sont plafonnés
selon la zone géographique dans laquelle est situé le bien sont les suivants :
- 12 euros par m² de surface habitable
maximum en zone « très tendue » (Paris et de nombreuses communes de la région
parisienne),
- 10 euros par m² de surface habitable
maximum en zone « tendue » (la zone tendue correspond aux communes soumises à
la taxe annuelle sur les logements vacants, parmi lesquelles figurent notamment
les villes de Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Toulouse),
- 8 euros par m² de surface habitable
maximum en dehors des zones « tendues » et « très tendues ».
Quant aux frais liés à
l’établissement de l’état des lieux d’entrée, ils ne peuvent excéder 3 euros
par m² sur l’ensemble du territoire.
Mais aucun frais ne
peut être facturé au locataire si l'état des lieux est réalisé en la seule
présence du bailleur ou en présence d'un tiers mandaté par lui seul.
En revanche, si le
bailleur et le locataire souhaitent ensemble faire appel à cet agent
immobilier, les honoraires susceptibles d'être facturés au locataire ne
pourront excéder le montant payé par le
bailleur, dans la limite de 3 € TTC par m² de surface habitable.
Si la réalisation d'un
état des lieux n'est pas possible à l'amiable, les frais d'huissier applicables
dans le cadre de son établissement sont à partager pour moitié entre le
bailleur et le locataire.
Les tarifs sont fixes
et encadrés par la loi.
Ces plafonds seront
révisés chaque année au 1er janvier en fonction de la variation annuelle du
dernier indice de référence des loyers (IRL) publié.
Il est loin d’être
certain que ce décret, favorable aux locataires, atteignent l’objectif visé.
On observera d’abord
qu’une fois de plus une règle normative est imposée venue des profondeurs de
l’administration à l’ensemble du territoire, des bailleurs, des locataires, des
professionnels, sans considération aucune envers la différence des situations résidentielles
locales.
On peut considérer que
dans des zones peu propices à la location, les montants proposés aboutissent
en fait à des augmentations alors que dans des quartiers résidentiels, ils
imposent des réductions ; à quelques rues près.
Ce qui conduirait
alors, par une ironie réglementaire, à favoriser les classes aisées au
préjudice des classes populaires.
L’histoire législative et
règlementaire est pleine de ses effets pervers nés du dogmatisme de ceux qui prennent
des décisions sans tenir compte de la réalité fluctuante du marché immobilier
et des différences existantes entre ces acteurs.
Il serait intéressant
d’avoir, ultérieurement, une étude d’impact sur les effets de ce texte qui peut
paraître finalement plus politique que pragmatique.
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