Il y a quelques mois,
musulman de France mon ami, la sphère médiatique parisienne hurlait à l’encontre
d’Alain Finkielkraut qui avait utilisé l’expression « français de souche »
comme si c’était une insulte à l’égard des autres.
Si l’on parcourt les
paysages de France, les campagnes ; si l’on accepte que la France, ce ne sont
pas seulement les grandes villes modernes, mais aussi les vieux villages ruraux
; est-il faux de dire que subsistent encore des lignées ancrées dans une terre
et, de ce fait d’une culture souchée différemment que celle des nouveaux
arrivants en terre de France ?
La question peut d’ailleurs
se poser de savoir la part que joue dans cette différenciation l’urbanisation
et la réalité citadine majoritaire du pays aujourd’hui.
France rurale et France
des villes.
Les paysages de notre
pays rappellent, oui, son histoire chrétienne.
Elle n’est pas
forcément glorieuse comme le crient les ruines du château de Montségur, comme à
Paris en témoigne aussi le massacre de la Saint-Barthélemy.
Le sang versé au nom
de Dieu a abreuvé nos sillons.
Mais enfin, on ne
brûle plus les hérétiques, ici, et finalement le christianisme s’est dissous
dans les institutions de la république.
Laïcité, séparation
des pouvoirs, droits de l’homme sont devenus réalité, bien imparfaite.
Bien sûr l’histoire
et la philosophie ne font plus partie des priorités qui apprennent pourtant à
penser librement.
Mais l’important, c’est
l’iPhone 6…
Toi, musulman de
France, tu appartiens à une religion en guerre.
Il y a eu les guerres
entre protestants et catholiques et voici que naît la Grande guerre entre
sunnites et chiites, qui va ensanglanter l’Islam.
Ainsi Daesh appelle à
tuer les français et ainsi est mort Hervé Gourdel dont le visage émeut qui
reflète une forme de gentillesse française.
Il est mort, oui,
parce que français ; comme toi !
Et te voilà donc pris
dans une guerre entre musulmans dans laquelle certains vont appeler au meurtre
des Français.
Et te voilà musulman
et français.
Probablement le
communautarisme est-il un rêve de citadins claquemurés dans leurs beaux
quartiers car la seule communauté qui puisse exister est la communauté
nationale.
Et celle-ci ne t’a
pas fait un sort correct en t’oubliant souvent dans des banlieues ghettoïsées.
Mais enfin puisque la
France est attaquée, on entend des voix qui parlent et qui disent la révolte
contre cette nouvelle barbarie.
C’est la tienne,
maintenant, musulman de France qui est attendue.
On dit beaucoup que l’Islam
est en crise et on se demande, c’est vrai, ce qu’est devenue cette grande
civilisation que ne représentent ni le Qatar ni l’Arabie Saoudite.
Se rappelle-t-on
encore Averroès, au XIIe siècle il est vrai, quand l’Islam était philosophie,
quand l’Islam appelait à la raison, quand l’Islam n’était pas fondamentaliste ?
Quand l’Islam était
finesse de l’esprit.
Quand il était
progrès de la pensée.
Ce sont ses mots que
je te dédie, musulman de France mon ami, venu de son discours décisif ;
mais oublié.
.3[Les versets qui
imposent l'usage de la raison]
Que la Révélation
nous appelle à réfléchir sur les étants en faisant usage de la raison, et exige
de nous que nous les connaissions par ce moyen, voilà qui appert à l'évidence
de maints versets du Livre de Dieu — béni et exalté soit-Il. En témoigne, par exemple,
l'énoncé divin : « Réfléchissez donc, ô vous qui êtes doués de clairvoyance »,
qui est une énonciation univoque du caractère obligatoire de l'usage du
syllogisme rationnel, ou du syllogisme rationnel et juridique tout à la fois ;
ou par exemple l'énoncé divin : « Que n'examinent-ils le royaume des cieux et
de la terre et toutes les choses que Dieu a créées », encouragement énoncé de
manière univoque à l'examen rationnel de tous les étants. Dieu — exalté soit-Il
— a enseigné que parmi ceux qu'Il a distingués et honorés en leur conférant
cette science fut Abraham — sur lui soit la paix. Il dit en effet : « Ainsi
fîmes-Nous voir à Abraham le royaume des cieux et de la terre », etc., jusqu'à
la fin du verset ; ou encore : « N'ont-ils point examiné les chameaux, comment
ils ont été créés ? Et le ciel, comment il a été élevé ? » ; Ou encore : «
[...] et qui méditent sur la création des cieux et de la terre » ; ou d'autres
innombrables versets encore.
4. [L'examen
raisonnable passe par l'usage du syllogisme]
Puisque est donc bien
établi que la Révélation déclare obligatoire l'examen des étants au moyen de la
raison et la réflexion sur ceux-ci, et que par ailleurs, réfléchir n'est rien
d'autre qu'inférer, extraire l'inconnu du connu — ce en quoi consiste en fait
le syllogisme, ou qui s'opère au moyen de lui —, alors nous avons l'obligation
de recourir au syllogisme rationnel pour l'examen des étants. Il est évident,
en outre, que ce procédé d'examen auquel appelle la Révélation, et qu'elle
encourage, est nécessairement celui qui est le plus parfait et qui recourt à
l'espèce de syllogisme la plus parfaite, que l'on appelle « démonstration ».
5. [Nécessité de
maîtriser la connaissance du syllogisme]
Or, puisque la
Révélation encourage bien à connaître par la démonstration Dieu et toutes les
choses auxquelles Il a donné l'être ; et que par ailleurs il est préférable,
voire nécessaire, pour celui qui aspire à connaître par la démonstration Dieu —
exalté soit-Il — et l'ensemble des étants, qu'il connaisse préalablement les
différentes espèces de raisonnements et leurs conditions, et la différence
entre les syllogismes démonstratif, dialectique, rhétorique et éristique, et
que cela même n'est possible qu'à condition de savoir au préalable ce qu'est le
syllogisme en général, combien en existent d'espèces, lesquelles ne sont point
des [espèces de] syllogismes valides et lesquelles le sont, et que cela à son
tour n'est possible qu'en connaissant préalablement les parties du syllogisme
desquelles celui-ci se compose, c'est-à-dire les prémisses, et leurs espèces :
alors certes le croyant a obligation, en vertu de la Loi révélée dont on doit
suivre l'ordre d'examiner rationnellement les étants, de connaître, avant
d'examiner [les étants], ces choses qui sont à l'examen rationnel ce que les
outils sont à l'activité pratique.
7. [Les syllogismes
rationnel et juridique ont la même valeur]
Nul ne peut venir
objecter que ce type d'étude du syllogisme rationnel serait une innovation
blâmable parce qu'il n'existait pas au premier âge de l'Islam ; d'ailleurs,
l'étude du syllogisme juridique et de ses espèces elle aussi a été conçue
postérieurement au premier âge de l'Islam, et personne cependant n'est d'avis
que c'est une innovation blâmable ; c'est donc cette même opinion qu'il nous
faut avoir sur le syllogisme rationnel. Cela [en fait, s'expliquerait par] une
cause que ce n'est pas le lieu de mentionner ici. De plus, la majorité [des
savants] de notre religion reconnaissent la validité du syllogisme rationnel,
excepté un petit nombre de littéralistes bornés, que l'on peut réfuter par des
énoncés révélés de sens univoque.
9. [Reconnaître les
études des Anciens qui précèdent l'Islam]
Mais si d'autres que
nous ont déjà procédé à quelque recherche en cette matière, il est évident que nous
avons l'obligation, pour ce vers quoi nous nous acheminons, de recourir à ce
qu'en ont dit ceux qui nous ont précédés. Il importe peu que ceux-ci soient ou
non de notre religion [...] j'entends les Anciens qui ont étudié ces questions
avant l'apparition de l'Islam. Puisqu'il en est ainsi, et que toute l'étude
nécessaire des syllogismes rationnels a déjà été effectuée le plus parfaitement
qui soit par les Anciens, alors certes il nous faut puiser à pleines mains dans
leurs livres, afin de voir ce qu'ils en ont dit. Si tout s'y avère juste, nous
le recevrons de leur part ; et s'il s'y trouve quelque chose qui ne le soit,
nous le signalerons.
13. [Le comble de
l'ignorance]
Il est apparu de tout
cela que l'étude des écrits des Anciens est obligatoire de par la Loi, puisque
l'intention, le dessein [qu'ils poursuivent] dans leurs écrits est ce dessein
même que la Révélation appelle [à se fixer]. Dès lors, quiconque interdit cette
étude à quelqu'un qui y est apte — c'est-à-dire quelqu'un qui réunit deux qualités
: intelligence innée [d'une part] ; honorabilité légale et vertu morale
[d'autre part] — barre aux hommes l'accès à la porte à partir de laquelle la
Révélation adresse aux hommes son appel à connaître Dieu, celle de l'examen
rationnel qui conduit à connaître vraiment Dieu. C'est là le comble de
l'ignorance et de l'éloignement de Dieu — exalté soit-Il.
Comme il nous manque
un nouvel Averroès !
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