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jeudi 25 septembre 2014

Musulman de France, mon ami.



Il y a quelques mois, musulman de France mon ami, la sphère médiatique parisienne hurlait à l’encontre d’Alain Finkielkraut qui avait utilisé l’expression « français de souche » comme si c’était une insulte à l’égard des autres.

Si l’on parcourt les paysages de France, les campagnes ; si l’on accepte que la France, ce ne sont pas seulement les grandes villes modernes, mais aussi les vieux villages ruraux ; est-il faux de dire que subsistent encore des lignées ancrées dans une terre et, de ce fait d’une culture souchée différemment que celle des nouveaux arrivants en terre de France ?

La question peut d’ailleurs se poser de savoir la part que joue dans cette différenciation l’urbanisation et la réalité citadine majoritaire du pays aujourd’hui.
France rurale et France des villes.

Les paysages de notre pays rappellent, oui, son histoire chrétienne.
Elle n’est pas forcément glorieuse comme le crient les ruines du château de Montségur, comme à Paris en témoigne aussi le massacre de la Saint-Barthélemy.
Le sang versé au nom de Dieu a abreuvé nos sillons.
Mais enfin, on ne brûle plus les hérétiques, ici, et finalement le christianisme s’est dissous dans les institutions de la république.
Laïcité, séparation des pouvoirs, droits de l’homme sont devenus réalité, bien imparfaite.

Bien sûr l’histoire et la philosophie ne font plus partie des priorités qui apprennent pourtant à penser librement.
Mais l’important, c’est l’iPhone 6…

Toi, musulman de France, tu appartiens à une religion en guerre.
Il y a eu les guerres entre protestants et catholiques et voici que naît la Grande guerre entre sunnites et chiites, qui va ensanglanter l’Islam.

Ainsi Daesh appelle à tuer les français et ainsi est mort Hervé Gourdel dont le visage émeut qui reflète une forme de gentillesse française.
Il est mort, oui, parce que français ; comme toi !

Et te voilà donc pris dans une guerre entre musulmans dans laquelle certains vont appeler au meurtre des Français.
Et te voilà musulman et français.

Probablement le communautarisme est-il un rêve de citadins claquemurés dans leurs beaux quartiers car la seule communauté qui puisse exister est la communauté nationale.
Et celle-ci ne t’a pas fait un sort correct en t’oubliant souvent dans des banlieues ghettoïsées.
Mais enfin puisque la France est attaquée, on entend des voix qui parlent et qui disent la révolte contre cette nouvelle barbarie.

C’est la tienne, maintenant, musulman de France qui est attendue.

On dit beaucoup que l’Islam est en crise et on se demande, c’est vrai, ce qu’est devenue cette grande civilisation que ne représentent ni le Qatar ni l’Arabie Saoudite.
Se rappelle-t-on encore Averroès, au XIIe siècle il est vrai, quand l’Islam était philosophie, quand l’Islam appelait à la raison, quand l’Islam n’était pas fondamentaliste ?
Quand l’Islam était finesse de l’esprit.
Quand il était progrès de la pensée.

Ce sont ses mots que je te dédie, musulman de France mon ami, venu de son discours décisif ; mais oublié.

.3[Les versets qui imposent l'usage de la raison]
Que la Révélation nous appelle à réfléchir sur les étants en faisant usage de la raison, et exige de nous que nous les connaissions par ce moyen, voilà qui appert à l'évidence de maints versets du Livre de Dieu — béni et exalté soit-Il. En témoigne, par exemple, l'énoncé divin : « Réfléchissez donc, ô vous qui êtes doués de clairvoyance », qui est une énonciation univoque du caractère obligatoire de l'usage du syllogisme rationnel, ou du syllogisme rationnel et juridique tout à la fois ; ou par exemple l'énoncé divin : « Que n'examinent-ils le royaume des cieux et de la terre et toutes les choses que Dieu a créées », encouragement énoncé de manière univoque à l'examen rationnel de tous les étants. Dieu — exalté soit-Il — a enseigné que parmi ceux qu'Il a distingués et honorés en leur conférant cette science fut Abraham — sur lui soit la paix. Il dit en effet : « Ainsi fîmes-Nous voir à Abraham le royaume des cieux et de la terre », etc., jusqu'à la fin du verset ; ou encore : « N'ont-ils point examiné les chameaux, comment ils ont été créés ? Et le ciel, comment il a été élevé ? » ; Ou encore : « [...] et qui méditent sur la création des cieux et de la terre » ; ou d'autres innombrables versets encore.

4. [L'examen raisonnable passe par l'usage du syllogisme]
Puisque est donc bien établi que la Révélation déclare obligatoire l'examen des étants au moyen de la raison et la réflexion sur ceux-ci, et que par ailleurs, réfléchir n'est rien d'autre qu'inférer, extraire l'inconnu du connu — ce en quoi consiste en fait le syllogisme, ou qui s'opère au moyen de lui —, alors nous avons l'obligation de recourir au syllogisme rationnel pour l'examen des étants. Il est évident, en outre, que ce procédé d'examen auquel appelle la Révélation, et qu'elle encourage, est nécessairement celui qui est le plus parfait et qui recourt à l'espèce de syllogisme la plus parfaite, que l'on appelle « démonstration ».

5. [Nécessité de maîtriser la connaissance du syllogisme]
Or, puisque la Révélation encourage bien à connaître par la démonstration Dieu et toutes les choses auxquelles Il a donné l'être ; et que par ailleurs il est préférable, voire nécessaire, pour celui qui aspire à connaître par la démonstration Dieu — exalté soit-Il — et l'ensemble des étants, qu'il connaisse préalablement les différentes espèces de raisonnements et leurs conditions, et la différence entre les syllogismes démonstratif, dialectique, rhétorique et éristique, et que cela même n'est possible qu'à condition de savoir au préalable ce qu'est le syllogisme en général, combien en existent d'espèces, lesquelles ne sont point des [espèces de] syllogismes valides et lesquelles le sont, et que cela à son tour n'est possible qu'en connaissant préalablement les parties du syllogisme desquelles celui-ci se compose, c'est-à-dire les prémisses, et leurs espèces : alors certes le croyant a obligation, en vertu de la Loi révélée dont on doit suivre l'ordre d'examiner rationnellement les étants, de connaître, avant d'examiner [les étants], ces choses qui sont à l'examen rationnel ce que les outils sont à l'activité pratique.

7. [Les syllogismes rationnel et juridique ont la même valeur]
Nul ne peut venir objecter que ce type d'étude du syllogisme rationnel serait une innovation blâmable parce qu'il n'existait pas au premier âge de l'Islam ; d'ailleurs, l'étude du syllogisme juridique et de ses espèces elle aussi a été conçue postérieurement au premier âge de l'Islam, et personne cependant n'est d'avis que c'est une innovation blâmable ; c'est donc cette même opinion qu'il nous faut avoir sur le syllogisme rationnel. Cela [en fait, s'expliquerait par] une cause que ce n'est pas le lieu de mentionner ici. De plus, la majorité [des savants] de notre religion reconnaissent la validité du syllogisme rationnel, excepté un petit nombre de littéralistes bornés, que l'on peut réfuter par des énoncés révélés de sens univoque.

9. [Reconnaître les études des Anciens qui précèdent l'Islam]
Mais si d'autres que nous ont déjà procédé à quelque recherche en cette matière, il est évident que nous avons l'obligation, pour ce vers quoi nous nous acheminons, de recourir à ce qu'en ont dit ceux qui nous ont précédés. Il importe peu que ceux-ci soient ou non de notre religion [...] j'entends les Anciens qui ont étudié ces questions avant l'apparition de l'Islam. Puisqu'il en est ainsi, et que toute l'étude nécessaire des syllogismes rationnels a déjà été effectuée le plus parfaitement qui soit par les Anciens, alors certes il nous faut puiser à pleines mains dans leurs livres, afin de voir ce qu'ils en ont dit. Si tout s'y avère juste, nous le recevrons de leur part ; et s'il s'y trouve quelque chose qui ne le soit, nous le signalerons.

13. [Le comble de l'ignorance]
Il est apparu de tout cela que l'étude des écrits des Anciens est obligatoire de par la Loi, puisque l'intention, le dessein [qu'ils poursuivent] dans leurs écrits est ce dessein même que la Révélation appelle [à se fixer]. Dès lors, quiconque interdit cette étude à quelqu'un qui y est apte — c'est-à-dire quelqu'un qui réunit deux qualités : intelligence innée [d'une part] ; honorabilité légale et vertu morale [d'autre part] — barre aux hommes l'accès à la porte à partir de laquelle la Révélation adresse aux hommes son appel à connaître Dieu, celle de l'examen rationnel qui conduit à connaître vraiment Dieu. C'est là le comble de l'ignorance et de l'éloignement de Dieu — exalté soit-Il.

Comme il nous manque un nouvel Averroès !

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