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jeudi 11 septembre 2014

Notaires, huissiers; servir Dieu et Mammon ?



Parfois, voyez-vous, dans ces salles d’audiences modernes, dans ces tribunaux devenus fonctionnels, ma robe noire d’avocat me paraît d’un autre temps qui fait appel à la notion de symbolisme dans un temps désacralisé, oublieux des traditions et de l’histoire.
Je me sens musée.
Je sais bien, auxiliaire de justice, que la première de mes préoccupations devrait être de servir le droit, alors que la première de mes préoccupations est d’assurer le bon fonctionnement du cabinet et, dès lors, son adaptation aux évolutions techniques et économiques pour offrir le meilleur service avec la meilleur des rentabilités
Je ne souhaite pas à mes amis notaires et  huissiers d’être dynamités comme la profession d’avocat l’a été, ouverte à tous les vents, sans régulation aucune, générant par la même paupérisation et insécurité juridique pour le consommateur, oui, je dis le consommateur.
Mais, en même temps, je me rappelle du temps des avoués, au moins dans le sud, où le travail était fait par l’avocat et où la méthode de rémunération conduisait souvent l’avoué à percevoir, tarif oblige, bien plus  que l’avocat pour, quelque part, mettre simplement en forme des actes transmis.
Double peine pour le consommateur.
J’ai regretté la disparition des avouée, pensant simplement que la notion de charges et de tarifs est indéfendable, à l’heure du néolibéralisme triomphant et qu’il vaut mieux savoir évoluer, avant que de mourir.
Personne ne discutera au notaire sa compétence, comme personne ne la jugera forcément exceptionnelle, mais protégée en revanche par un statut ancien, le retirant quelque part un peu du monde de la concurrence et lui permettant, il faut le dire parfois, un comportement d’un autre temps, pontife de l’acte authentique au mode de rémunération parfois un peu opaque…
Rien ne justifie vraiment, sérieusement, que les notaires aient le monopole des ventes immobilières.
Ils les font bien, oui, comme d’autres peuvent le faire et on oublie souvent que la sécurité vient de la publicité foncière qui veille au grain.
Comme on oublie, d’ailleurs, que l’acte authentique n’a pas l’autorité de la chose jugée et que, finalement il est probablement désuet, en fait.
Je sais le métier de chien qu’ont les huissiers de justice comme je sais qu’une convocation en justice par huissier est sûrement plus sécurisée que les lettres recommandées, ou demain les SMS.
Mais en même temps pourquoi ne pas dire que certains PV de recherche apparaissent un peu étonnants et que tout dépend du personnel.
La sécurité n’est pas un principe lié à un statut !
Et pourquoi ne pas dire aussi que, là encore le tarif est désuet et que l’augmentation, il y a quelque temps, du fameux article 10, pourcentage gras encaissé sur les sommes recouvrées, était probablement l’augmentation de trop.
C’est vrai que parfois le niveau de revenus de ces professions peut étonner, comme le fait que souvent la cession des études notariales se fait en tenant plus compte des possibilités financières que de la qualité juridique, pauvre consommateur.
Mais ce sont les aléas humains, finalement.
Il y a quelque ignominie, pour ce pouvoir, à  vomir les professions réglementées en oubliant de s’attaquer à la réforme de l’État, à la haute fonction publique qui est peut-être aujourd’hui la plus indécente des rentes.
Celle-là, aussi, que se trouve le conservatisme qui ruine le pays.
Un temps se meurt, né d’une France rurale et royale ; un temps nait, celui du virtuel, du cloud, du consommateur roi et probablement des puissances de l’argent reines.
Regardez, même l’État-nation est menacé quand des régions, d’Espagne ou du Royaume-Uni, demandent leur indépendance.
La vérité est qu’aujourd’hui avocats, notaires, huissiers et autres sont contraints de gérer, tout bêtement, comme toute autre profession.
Et la vérité est également que certains monopoles ne se justifient plus par la nécessité économique, mais, en revanche sont contraires aux évolutions souhaitées par l’Europe.
On ne peut, dit-on, servir à la fois Dieu et Mammon, c’est-à-dire le sacré et l’argent.
Les professions sont des unités économiques dans un monde où les symboles, les statuts, les monopoles, les tarifs, l’arrogance même du comportement sont mis à mal.
C'est comme ça!

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