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vendredi 22 janvier 2016

Avocat, lève-toi!

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Il y a ce vieux film avec Lino Ventura, espion endormi pendant des années en villégiature helvétique et puis brutalement réveillé ; pour mourir à la fin du film.
Je me demande si je ne suis pas un avocat en train de se réveiller.
La profession d’avocat est multiple et selon l’activité dominante de son cabinet, la défense de la veuve et de l’orphelin, la fréquentation des audiences pénales, la question des libertés disparaît derrière un quotidien dans lequel droit est présent, mais moins emblématique.
Pourtant le virus inoculé au tout début de la profession permet de se rappeler que l’avocat est un contre-pouvoir dont le rôle est avant toute chose la défense.

C’est la gloire de la démocratie, sa lucidité aussi, que de fonctionner selon un jeu subtil de pouvoirs et de contre-pouvoirs permettant d’assurer un équilibre sa entre libertés et sécurité.
Un peu comme l’ordonnancement magnifique de l’univers.
Bien sûr, il y a des crises, mais dans les crises la démocratie se rappelle qu’elle est la démocratie, pas u régime autoritaire.
C’est-à-dire qu’avant toute chose elle veille au respect des libertés individuelles et à assurer le jeu normal des contre-pouvoirs.
C’est vrai que la démocratie fonctionne mal et qu’il est dramatique que la justice judiciaire dont le rôle constitutionnel est la défense des libertés publiques soit ainsi méprisée depuis des décennies et placée dans un état de paupérisation absolue, dont on est alors certain qu’il ne lui permettra pas de remplir son rôle constitutionnel.

Voici venu le temps du terrorisme, il est déjà venu dans le passé.
Le terrorisme se combat par les armes, avec la fermeté de la volonté politique, avec une police efficace, avec une justice implacable.
On se dit donc que le premier réflexe d’un pouvoir conscient sera de veiller à cela parce que combattre le terrorisme, ce n’est pas combattre la démocratie.
Et là où l’avocat endormi se réveille, c’est devant cette folie qui paraît atteindre  ces responsables politiques qui ont fait preuve dans le passé de leur grande incompétence, de leur aveuglement et qui continuent aujourd’hui avec des alliances contre nature liant la France à la matrice intellectuelle du terrorisme.
Car enfin on nous parle d’état d’urgence, ce qui est normal, mais voilà qu’il s’agit maintenant de le prolonger et que le premier ministre a l’air de dire qu’il continuera jusqu’à la défaite de Daech.
Mais l’état d’urgence correspond seulement une nécessité absolue et ne doit pas servir à masquer une carence de la gouvernance.
Un état d’urgence permanent, ça s’appelle un régime autoritaire !
Que l’on donne à la police et à la justice le moyen de fonctionner normalement dans un état de droit et il n’y aura pas besoin de porter atteinte aux libertés publiques.

Voilà des hommes politiques qui au lieu de donner envie, au lieu de construire un destin national, focalisent sur la constitutionnalisation de l’état d’urgence, inutile et symbole néfaste comme ils focalisent aussi sur cette folle déchéance de nationalité qui n’a aucun intérêt : un terroriste ça se combat par les armes.
Ce qui fait peur, c’est que depuis quelques années, des lois se succèdent qui, petit à petit, portent atteinte à la liberté d’expression, imposent une surveillance de masse des Français innocents, suppriment le juge judiciaire pour le remplacer par le procureur qui n’est pas indépendant et maintenant par le préfet, soumis au pouvoir exécutif, son maître.

C’est-à-dire que petit à petit ce sont les fondements démocratiques qui s’altèrent par une forme d’irréflexion, d’agitation, d’inconsistance pour tout dire.
Alors, bien sûr on continuera à se prétendre la terre des droits de l’homme mais dire n’est pas être.
Ce n’est pas à la Constitution, ce ne sont pas aux lois qu’il faut toucher : il faut permettre à la démocratie de fonctionner de telle manière que chacun remplisse sa fonction.
La démocratie n’est nullement la faiblesse, la faiblesse est souvent dans la tête de ceux qui dirigent les pays et qui ne paraissent pas à la hauteur de leurs fonctions.
Apprentis dictateurs par évanescence démocratique.

Alors, oui, Avocat lève-toi.
Et toi aussi, citoyen !

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