Il y a ce vieux film
avec Lino Ventura, espion endormi pendant des années en villégiature helvétique
et puis brutalement réveillé ; pour mourir à la fin du film.
Je me demande si je
ne suis pas un avocat en train de se réveiller.
La profession d’avocat
est multiple et selon l’activité dominante de son cabinet, la défense de la
veuve et de l’orphelin, la fréquentation des audiences pénales, la question des
libertés disparaît derrière un quotidien dans lequel droit est présent, mais
moins emblématique.
Pourtant le virus
inoculé au tout début de la profession permet de se rappeler que l’avocat est
un contre-pouvoir dont le rôle est avant toute chose la défense.
C’est la gloire de la
démocratie, sa lucidité aussi, que de fonctionner selon un jeu subtil de
pouvoirs et de contre-pouvoirs permettant d’assurer un équilibre sa entre
libertés et sécurité.
Un peu comme l’ordonnancement
magnifique de l’univers.
Bien sûr, il y a des
crises, mais dans les crises la démocratie se rappelle qu’elle est la
démocratie, pas u régime autoritaire.
C’est-à-dire qu’avant
toute chose elle veille au respect des libertés individuelles et à assurer le
jeu normal des contre-pouvoirs.
C’est vrai que la
démocratie fonctionne mal et qu’il est dramatique que la justice judiciaire
dont le rôle constitutionnel est la défense des libertés publiques soit ainsi
méprisée depuis des décennies et placée dans un état de paupérisation absolue, dont
on est alors certain qu’il ne lui permettra pas de remplir son rôle
constitutionnel.
Voici venu le temps
du terrorisme, il est déjà venu dans le passé.
Le terrorisme se
combat par les armes, avec la fermeté de la volonté politique, avec une police
efficace, avec une justice implacable.
On se dit donc que le
premier réflexe d’un pouvoir conscient sera de veiller à cela parce que
combattre le terrorisme, ce n’est pas combattre la démocratie.
Et là où l’avocat
endormi se réveille, c’est devant cette folie qui paraît atteindre ces responsables politiques qui ont fait
preuve dans le passé de leur grande incompétence, de leur aveuglement et qui
continuent aujourd’hui avec des alliances contre nature liant la France à la
matrice intellectuelle du terrorisme.
Car enfin on nous
parle d’état d’urgence, ce qui est normal, mais voilà qu’il s’agit maintenant de
le prolonger et que le premier ministre a l’air de dire qu’il continuera jusqu’à
la défaite de Daech.
Mais l’état d’urgence
correspond seulement une nécessité absolue et ne doit pas servir à masquer une
carence de la gouvernance.
Un état d’urgence
permanent, ça s’appelle un régime autoritaire !
Que l’on donne à la
police et à la justice le moyen de fonctionner normalement dans un état de
droit et il n’y aura pas besoin de porter atteinte aux libertés publiques.
Voilà des hommes
politiques qui au lieu de donner envie, au lieu de construire un destin
national, focalisent sur la constitutionnalisation de l’état d’urgence, inutile
et symbole néfaste comme ils focalisent aussi sur cette folle déchéance de
nationalité qui n’a aucun intérêt : un terroriste ça se combat par les armes.
Ce qui fait peur, c’est
que depuis quelques années, des lois se succèdent qui, petit à petit, portent atteinte
à la liberté d’expression, imposent une surveillance de masse des Français
innocents, suppriment le juge judiciaire pour le remplacer par le procureur qui
n’est pas indépendant et maintenant par le préfet, soumis au pouvoir exécutif,
son maître.
C’est-à-dire que
petit à petit ce sont les fondements démocratiques qui s’altèrent par une forme
d’irréflexion, d’agitation, d’inconsistance pour tout dire.
Alors, bien sûr on
continuera à se prétendre la terre des droits de l’homme mais dire n’est pas
être.
Ce n’est pas à la Constitution,
ce ne sont pas aux lois qu’il faut toucher : il faut permettre à la
démocratie de fonctionner de telle manière que chacun remplisse sa fonction.
La démocratie n’est
nullement la faiblesse, la faiblesse est souvent dans la tête de ceux qui
dirigent les pays et qui ne paraissent pas à la hauteur de leurs fonctions.
Apprentis dictateurs
par évanescence démocratique.
Alors, oui, Avocat
lève-toi.
Et toi aussi, citoyen !
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