Vouloir aller contre le courant, c’est
une chose où il est aussi impossible
de réussir qu’il
est aisé de
s’exposer au danger
; il n’y a qu’un Socrate
qui le pût entreprendre. La contradiction passe
pour une offense, parce que
c’est condamner le jugement
d’autrui. Les mécontents
se multiplient, tantôt
à cause de
la chose que
l’on censure, tantôt
à cause des
partisans qu’elle avait.
La vérité est
connue de très
peu de gens,
les fausses opinions sont reçues
de tout le reste du monde.
Il
ne faut pas
juger d’un sage par les
choses qu’il dit,
attendu qu’alors il ne
parle que par
emprunt, c’est-à-dire par la
voix commune, quoique
son sentiment démente cette voix.
Le sage évite autant d’être contredit que
de contredire. Plus
son jugement le
porte à la
censure, et plus
il se garde de la publier.
L’opinion est libre,
elle ne peut
ni ne doit
être violentée. Le
sage se retire
dans le sanctuaire
de son silence
; et, s’il
se communique quelquefois, ce
n’est qu’à peu de gens, et toujours à d’autres sages.
Gracian
L’homme de Cour 1684
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