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lundi 8 décembre 2014

Moi, Avocat judiciaire!


J’exerce un métier, celui d’avocat, avocat dit judiciaire ;
Je l’exerce comme la majorité des avocats du pays, je pense ; petite unité économique, préoccupé de l’adaptation nécessaire aux nouvelles technologies, de la formation, de la rentabilité aussi.
Je l’exerce en conservant la notion de l’humain, car, à la base le métier d’avocat est celui-là dont la nature est judiciaire.
Les évolutions de la société ont conduit à voir se développer d’autres formes d’avocat, tournés exclusivement vers les sociétés et les affaires.
Cela ne signifie pas pour autant, me semble-t-il que les avocats judiciaires doivent être catalogués comme anciens face aux  modernes.
Aujourd’hui sont en gestation des projets de réforme de la profession.
Je ne reviens pas ici sur les guerres intestines épouvantables à l’intérieur de la profession, sur le rôle ambigu du Conseil de l’ordre  du barreau de Paris, sur les ambiguïtés mêmes et le poids excessif de la pensée syndicale. réductrice, chez nous aussi.
Je ne reviens pas sur certaines dispositions du projet dont on peut penser, qu’à terme et en prenant des précautions, elles ne sont pas dénuées de sens.
Mais deux choses ne sont pas acceptables.
La première est la méthode qui consiste à voir  un projet, bâclé, vaguement jeté  pour consultation avant qu’il ne soit transmis au Conseil d’État ; projet dont on projette de le faire passer par ordonnances alors qu’il touche, puisqu’il touche aux avocats, à la notion des droits de la défense et des libertés publiques.
Même avec la plus grande des intelligences, un technocrate de Bercy ne peut pas appréhender les équilibres subtils que nécessite la société démocratique car cela relève plus de la culture politique, de l’histoire et de la philosophie que de la macro-économie ;
La deuxième chose qui est inacceptable est cette notion d’avocat en entreprise que l’on essaie de nous vendre.
D’abord, qu’il y ait lieu pour les juristes d’entreprises de disposer d’une confidentialité est nécessaire et peut-être est-ce une erreur, si cela est exact, pour certains représentants de la profession de s’y opposer.
Ensuite, la période est étrange où l’on voit les banques faire de l’assurance et les assurances faire de la banque ; je veux dire en cela que l’on a l’impression que la puissance financière permet de démultiplier les activités professionnelles au risque de la dénaturation.
Alors,  la notion d’avocat en entreprise est une idée qui peut venir de ceux qui rêvent d’attirer le plus de monde possible dans la profession d’avocat pour asseoir leur pouvoir, comme de grands groupes financiers qui veulent créer des structures, comme aussi peut-être de directeurs juridique, et on parle du cercle Montesquieu, qui n’appréhendent pas qu’ils  ne sont pas avocats, même s’ils veulent en obtenir le titre.
Le juriste en entreprise n’aura pas un secret absolu, mais un droit de confidentialité, il sera soumis à son patron, comme dans toute entreprise et on peut d’ailleurs à cet égard imaginer que la confidentialité est illusoire.
Ce n’est pas cela le secret dont bénéficient les avocats ou plutôt leurs clients.
Et ce n’est pas, je crois, être ancien que de considérer que si les juristes  d’entreprise exercent une profession honorable, voire voisine, ils n’exercent pas ma  profession.
Et qu’à force de vouloir charger la barque, elle finit par couler.
Je veux dire que ceux qui veulent absolument l’avocat en entreprise le font, soit dans un intérêt capitalistique, soit dans un intérêt d’orgueil, mais ne le font pas dans l’intérêt même de la profession d’avocat et de la clientèle quand l’humain reste au coeur de l’activité.
Un directeur juridique m’a catalogué de Cyrano ; j’ai un grand nez.
J’assume, et même Don Quichotte.
Cela vaut mieux me semble-t-il que Panurge et ses moutons ou, pire le joueur de flûte qui enleva les enfants…et demain les avocats.
La terminologie est importante : être avocat nécessite une indépendance de statut et un secret professionnel absolu.
Qu’il y ait entre professions des liens, des passerelles ; oui. ; En assurant la réciprocité, pour une fois.
Mais un directeur juridique n’est pas avocat et il faut tout faire pour que cela continue ainsi.

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