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jeudi 11 décembre 2014

Avocats, ne donnez plus de papier au juge!



Le juge n’a plus de papier ? Il ne faut plus lui en donner.

Il ne s’agit pas ici de parler du papier hygiénique, la Chancellerie doit, je suppose, y pourvoir.
Non, il s’agit, maintenant que les procédures ont été dématérialisées, virtualisées, numérisées, du support papier sur lequel les actes de procédure sont établis.
Les textes ne prévoient aucunement, sauf devant la Cour d’appel, que les avocats aient obligation d’adresser à la juridiction leur constitution, ou les conclusions, autrement que par voie électronique.
Pourtant il est exigé que ces conclusions soient également adressées sur papier et, parfois, à l’audience, des réflexions désagréables sont faites à ceux des avocats qui n’auraient pas rempli cette formalité.
De la même manière, parfois, quand l’avocat adresse un message électronique à la juridiction, il aura un retour un message de refus.
Et cela au motif, voyez-vous, non pas du code de procédure civile, bien silencieux, mais de la convention passée avec la juridiction par l’ordre des avocats.

Ces conventions passées par les ordres rajoutent aux textes, se soumettent à des demandes qui vont au-delà des textes de procédure et qui ressemblent plus à une soumission acceptée dans le cadre d’un rapport de force qu’au souci de servir les avocats, car ces conventions donnent le moyen aux juges, manquant parfois d’empathie humaine, de se montrer exigeants à l’extrême, désagréables, méprisants, parfois.
Il y en a une, à Marseille, en droit de la famille, qui est significative de cet esprit.

On sait le débat qui agite la profession devant la volonté de réforme de ce pouvoir et l’attitude étrange du barreau de Paris, dont on se demande s’il ne veut pas créer une profession majoritairement composée de professionnels portant le nom d’avocat mais n’ayant jamais mis les pieds dans une juridiction, ce qui serait dramatique pour déraciner une profession de proximité dont l’utilité est indéniable.
On sait que Madame Taubira, qui est un bien mauvais ministre, tournée plus vers l’admiration elle-même que sur autre chose, soutient le texte.
Aujourd’hui majoritairement la profession est en colère.

Il est inexact de dire qu’il s’agit de la base, il n’y a pas de base, il n’y a plus de base.
Cette expression est le reflet d’une conception pyramidale des choses qui considérerait, quelque part qu’il y aurait alors hiérarchisation de l’intelligence et de l’influence.
C’est aujourd’hui parfaitement dépassé, ringard, stupide, étroit.
Suicidaire.
Dans les barreaux, les membres du conseil de l’ordre, (MCO est l’acronyme), parfois, dans leurs propos, laissent transparaître encore cette conception ancienne.
On les voit qui parlent de pédagogie, de connaissance des choses, de jeux de pouvoir en fait, maudits syndicats.

Mais l’une des raisons pour lesquelles la société française paraît en perte de sens, c’est que cette conception pyramidale ne correspond plus à la réalité des choses.
La connaissance aujourd’hui est réseautale, transversale et les élections professionnelles ne donnent nul trépied en termes de respect dû

Au fond un âne est un âne, l’élection ne le dissimule plus.
Le respect obtenu est, individuellement, affaire de présence personnelle et, collectivement, toujours, affaire de rapport de force.

Quand les ordres ont signé les conventions, ils l’ont fait en un jeu de partenariat avec la Chancellerie, main dans la main.
La main de la Chancellerie, la profession se la prend dans la figure.
La logique est toute simple, désormais.
Puisque la procédure est électronique, ce qui est un avantage, pourquoi ne pas dénoncer toutes les conventions qui ajoutent aux textes en soumettant les avocats à des obligations qu’ils n’ont pas à accepter.
Les juges n’ont pas de papier ?
Il n’y a pas à leur en donner : ils ont des ordinateurs et en cas de problème, ce serait après tout la responsabilité de la Chancellerie.
Pourquoi financer, aux frais des avocats, une Chancellerie qui trahit la profession et qui ne joue pas son rôle ?

N’est-ce pas les MCO ?

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