Cela fait deux fois,
dans le journal les Échos, que je lis des articles paraissant montrer du doigt
l’archaïsme des avocats de France qui ne souhaitent pas voir instituer le
nouvel avocat salarié en entreprise, le désormais célèbre NASE.
Le premier article
était rédigé par un avocat au barreau de Marseille, enfin, ancien directeur
juridique d’une grande entreprise, avocat depuis quelques petits mois, qui,
après être venu prendre la soupe des jeunes avocats en difficulté, prenait donc
soin de cracher dans celle qui restait.
Le deuxième, d’un
avocat d’entreprise… américain.
Je sais bien que le
bâtonnier de Paris, l’homme qui traite des plus gros dossiers de la planète, à
moins que ce ne soit sa tête qui soit la plus grosse de la planète à force d’enflure,
est très favorable au NASE .
Mais il est
significatif que les faveurs viennent du monde anglo-saxon.
En quoi le système
américain serait-il meilleur que le système français ?
Je ne sache pas que
la justice américaine, avec son couloir de la mort, soit un exemple.
Je ne sache pas qu’il
faille d’ailleurs importer les émeutes raciales, ou le KKK.
Encore une fois, qu’il
faille protéger mieux les juristes français en leur permettant une
confidentialité se conçoit, mais le raisonnement qui consiste à dire qu’ils
doivent devenir avocat est un raisonnement mercantile de certaines structures
professionnelles.
D’ailleurs, une
commission parlementaire sauf erreur, doit rendre un rapport le 16 décembre,
défavorable à ce système, eu égard aux dangers évidents qu’il présente en
termes d’indépendance.
Mais je voudrais,
devant la volonté de puissance du barreau de Paris, qui souhaite donc que les
nouveaux avocats en entreprise dépendent des ordres poser une question toute
simple : est-ce là le moyen d’éradiquer les avocats pauvres, ces importuns
puants ? ces sans-dents ?
Car nous savons, qu’à
l’inverse du monde de l’entreprise, où une bêtise du salarié relève de l’assureur
de l’entreprise, une bêtise de l’avocat relève de son assurance, et celle-ci en
général est souscrite de manière groupée par les ordres des avocats pour
mutualiser les montants des primes et les réduire.
Si donc le nouvel
avocat salarié en entreprise dépend des ordres avocats, cela signifie qu’il
dépendra des assurances de responsabilité souscrite par ceux-ci.
On peut imaginer
intéressant d’ailleurs pour une entreprise de faire payer un sinistre par l’assurance
des avocats…
Mais, surtout, nous
savons des professions, à risque, dans lesquelles le montant des primes d’assurance
se chiffre en dizaines de milliers d’euros.
Pardon, mais les
nouveaux avocats en entreprise que l’on nous vend, cela peut être aussi ceux
qui, dans les grands groupes, ont entre les mains les plus gros dossiers de la
planète qui échapperaient à Monsieur Pierre-Olivier Sur.
Et un sinistre, du
genre de celui d’ENRON, combien cela coûterait-il aux assurances des avocats ?
Autrement dit, dès
leur arrivée, les nouveaux avocats en entreprise ne vont-ils pas générer
immédiatement une hausse stratosphérique des primes d’assurance.
Dis voir, avocat de
Paris, toi qui ne vas pas voter aux élections ordinales et qui laisse ton ordre
dirigé par l’âme américaine, cela te plairait d’avoir une prime d’assurance qui
passe à 50 000 € ?
Si quelqu’un, dans la
stratosphère, croise le bâtonnier de Paris et ses amis, voudra-t-il avoir l’amabilité
de poser la question de l’assurance ?
Parce que voyez-vous,
si tel est le cas, prévisible de cette augmentation, cela signifie qu’il n’y
aura plus d’avocats modestes, ils n’auront plus les moyens d’exercer la
profession.
Et alors celle-ci
enfin sera composée de gens honorables.
Voulez-vous encore
une coupe de champagne ?
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