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mercredi 2 juillet 2014

La peur du juge, ou l'esprit de citadelle.


Ce qui, parfois, chez le juge, me fait peur, c'est l'esprit de citadelle.
Une forme inconsciente d’enfermement de l'esprit, assuré d’avoir raison par fonction de justice et, de ce fait, pouvant commettre l'injustice.

Un exemple, banal.
Devant le tribunal de grande instance la procédure est devenue électronique, c'est-à-dire que certaines réunions de travail font l'objet d'envois de messages, par courriels, sans déplacement.
Hier, à l'audience, une juge aux affaires familiales de dire qu'à sa conférence du matin elle avait radié 15 dossiers puisque personne ne se présentait.
Une avocate de  lui expliquer que souvent des messages étaient  envoyés au greffe qui étaient lus … après les audiences et de lui demander si, tenant sa conférence présidentielle, eu égard au caractère électronique de la procédure, elle avait un ordinateur à côté pour consulter les dossiers.
Eh bien non!
Elle travaillait à l'ancienne, à son audience, avec sa greffière sans que vérification ne soit faite, par elle,  des messages électroniques alors même qu'il est demandé aux avocats de fonctionner ainsi.
15 dossiers ont été radiés sans que ce magistrat ne se soit posé la question d'un éventuel dysfonctionnement non dans le travail des avocats, mais bien dans celui de son service propre.
C'est cela que j'appelle l'esprit de citadelle : cette certitude que ce sont les autres qui ont fauté que jamais le juge lui ne défaille.

Et, voyez-vous, je pensais à cela devant la nouvelle mise en examen de Nicolas Sarkozy.
Je précise ici ne l'aimer guère et souhaiter de tout mon coeur que jamais il ne revienne, lui qui, après tout, n'a pas fait les réformes pour lesquelles il avait été élu et ne pourrait guère, des lors, qu'exprimer un esprit revanchard dont nous n'avons guère besoin.
Mais il y a cette question des écoutes téléphoniques pendant de trop longs mois qui heurtent l'esprit démocratique comme si les juges quelque part, allaient à la pêche forts de leur bon droit et de leurs certitudes morales, au mépris inconscient des libertés.
Il y a  ces écoutes d'un homme avec son avocat et de l'avocat avec son bâtonnier, qui choquent
Il y a le sentiment, aussi du canon que l'on sort contre une mouche qui aurait fait caca sur une table; les faits poursuivis à Nanterre méritaient-ils, en conscience, ce tintamarre ?
Non certes que délits il n'y ait pas, éventuellement.
Mais le procureur de Nanterre, comme au moins  l'un des juges d'instruction en charge sont gens de gauche engagés, respectueux bien sûr des textes et du droit.
Mais c’est, je l'avoue cet esprit de citadelle qui m’inquiète un peu.
Il n’y a pas lieu ? Il n’y aura pas de non-lieu, car sinon…

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