« ...Le barreau
lillois met un pied dans la « justice prédictive » et travaille, en
partenariat avec une start-up, au développement d’un logiciel qui sera non
seulement un moteur de recherches spécialisée mais aussi une moulinette de
données permettant « d’enrichir la stratégie judiciaire ». En calculant, par
exemple, les pourcentages de chances de gain d’un procès selon les
juridictions. « Jusqu’alors, un avocat
faisait des estimations en fonction de son expérience et un peu au pifomètre.
Mais là, c’est la rencontre des mathématiques et du droit … »
« …le logiciel
ne s’appliquera pas aux affaires pénales. Les premiers essais le disent fiable
à 94 %. Il sera expérimenté fin février par une quinzaine de cabinets lillois
et présenté aux avocats et magistrats du ressort de la cour d’appel de Douai le
19 mai. Si ça marche, le barreau lillois sera le premier d’Europe à utiliser un
logiciel de justice prédictive… »
Des algorithmes pour
la justice lilloise…
Il existe dans l’expression
« pifomètre » utilisée par le Bâtonnier quelque chose d’un peu dévalorisant
envers le travail intellectuel humain, ses aléas, sa subjectivité.
Mais c’est la nature
de l’humain que d’être subjectif, un robot ne l’est pas.
C’est vrai qu’il
arrive, selon les circonstances, que l’avocat construise un raisonnement plus
efficace que juridique, en en connaissant des insuffisances mais en sachant qu’il
peut permettre d’aboutir au résultat espéré.
Est-ce un mal ?
Devrons-nous demain,
et probablement oui, soumettre notre pensée à logiciel qui donnera une réponse
mathématique ?
Sera-ce vraiment un
progrès ?
Si, demain, à Lille,
les avocats utilisent ce logiciel, il n’en demeurera pas moins que, pour l’instant,
les juges ne l’utiliseront pas et que la froideur mathématique sera donc du
côté des avocats confrontés à la subjectivité des juges qui rendront leur
décision, selon le mot du Bâtonnier, au pifomètre.
Il faudrait donc que
les juges aussi utilisent un tel logiciel.
Et soyons clairs, si
demain l’intelligence artificielle des avocats rencontre l’intelligence
artificielle des juges, quelle sera la place de l’humain ?
Pourquoi ne pas tout
confier aux algorithmes ?
C’est un débat.
Ce qui est certain,
en revanche c’est que le rôle de l’avocat est d’apporter le meilleur service
possible à ses clients dans le respect le plus grand, finalement… du pragmatisme.
Lille commence, les
autres barreaux suivront.
Il faudra donc s’y
faire et garder ses interrogations pour sa philosophie personnelle.
Ça coute cher, ce
truc ?
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