Un moine qui chante matines 
se guérit de l’insomnie. Que cet homme, peut-être autrefois riche, 
puissant, injuste, se soumette à la loi de la sobriété et du travail, et
 qu’il y trouve le bonheur, cela n’est point miraculeux. Qu’un homme à 
genoux se trouve délivré de la maladie de haine, et même de toute 
maladie, cela est physiologique. Je le vois qui reprend l’attitude 
première de l’enfant, l’attitude du foetus, la mieux protégée, et je 
n’admire point qu’il retrouve ainsi confiance en lui et en toutes 
choses, pardon à lui et à toutes choses. Imaginez une tragédie jouée à 
genoux ; cela ne va point.
Soit, dites-vous. Mais on ne se met pas à genoux par physiologie. Il faut croire au delà. Je ne sais. Je remarquai un jour un vieux paysan, promeneur, et comme gardien de ses champs, ainsi qu’ils sont à la fin de leur vie. Ce vieil homme était sur un genou et tête basse ; je supposai qu’il pensait à la mort et qu’il priait ; mais une paysanne à qui je disais la chose ramena le dieu sur la terre. « C’est la coutume, dit-elle, en ce pays-ci, de se reposer sur un genou. » Le vieil homme priait donc sans le savoir; il ne pensait rien au delà de son geste.
Soit, dites-vous. Mais on ne se met pas à genoux par physiologie. Il faut croire au delà. Je ne sais. Je remarquai un jour un vieux paysan, promeneur, et comme gardien de ses champs, ainsi qu’ils sont à la fin de leur vie. Ce vieil homme était sur un genou et tête basse ; je supposai qu’il pensait à la mort et qu’il priait ; mais une paysanne à qui je disais la chose ramena le dieu sur la terre. « C’est la coutume, dit-elle, en ce pays-ci, de se reposer sur un genou. » Le vieil homme priait donc sans le savoir; il ne pensait rien au delà de son geste.
Alain, Libres propos
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire