3. On va se chercher de
lointaines retraites dans les champs, sur le bord de la mer, dans les montagnes
; et toi-même aussi tu ne laisses pas que de satisfaire volontiers les mêmes
désirs. Mais que tout ce soin est singulier, puisque tu peux toujours, quand tu
le veux, à ton heure, trouver un asile en toi-même ! Nulle part, en effet,
l'homme ne peut goûter une retraite plus sereine ni moins troublée que celle
qu'il porte au dedans de son âme, surtout quand on rencontre en soi ces
ressources sur lesquelles il suffit de s'appuyer un instant, pour qu'aussitôt
on se sente dans la parfaite quiétude. Et par la « quiétude », je n'entends pas
autre chose qu'une entière soumission à la règle et à la loi. [...]
49. Se rendre ferme
comme le roc que les vagues ne cessent de battre. Il demeure immobile, et
l'écume de l'onde tourbillonne à ses pieds. — « Ah ! quel malheur pour moi,
dis-tu, que cet accident me soit arrivé ! » — Tu te trompes ; et il faut dire :
« Je suis bien heureux, malgré ce qui m'arrive, de rester à l'abri de tout
chagrin, ne me sentant, ni blessé par le présent, ni anxieux de l'avenir ». Cet
accident en effet pouvait arriver à tout le monde ; mais tout le monde n'aurait
pas reçu le coup avec la même impassibilité que toi. Pourquoi donc tel
événement passe-t-il pour un malheur plutôt que tel autre pour un bonheur ?
Mais peux-tu réellement appeler un malheur pour l'homme ce qui ne fait point
déchoir en quoi que ce soit la nature de l'homme ? Or, crois-tu qu'il y ait une
vraie déchéance de la nature humaine, là où il n'est rien qui soit contraire au
voeu de cette nature ? Et quoi ! tu connais précisément ce qu'est ce voeu ; et
tu croirais que cet accident qui t'arrive peut t'empêcher d'être juste,
magnanime, sage, réfléchi, circonspect, sincère, modeste, libre, et d'avoir
toutes ces autres qualités qui suffisent pour que la nature de l'homme conserve
tous ses caractères propres ! Quant au reste, souviens-toi, dans toute
circonstance qui peut provoquer ta tristesse, de recourir à cette utile maxime
: « Non seulement l'accident qui m'est survenu n'est point un malheur ; mais de
plus, c'est un bonheur véritable, si je sais le supporter avec un généreux
courage ». {...]
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