Louis XVI a été guillotiné le 21 janvier 1793.
En ces temps où les décapitations reviennent à la mode et pour changer de l'Islamisme radical, relisons son testament, humain, mais pas vraiment politiquement transcendant
Au nom de la très
Sainte Trinité, du Père, du fils et du Saint Esprit. Aujourd’hui
vingt-cinquième de décembre mil sept cent quatre vingt douze. Moi, Louis,
XVIème du nom, Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma
famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et
privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma
famille. De plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir
l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni
moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées,
et auquel je puisse m’adresser. Je déclare ici en sa présence, mes dernières
volontés et mes sentiments.
Je meurs dans l’union
de notre sainte Mère l’Église Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses
pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ
les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu
dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et
les Mystères tels que l’Église Catholique les enseigne et les a toujours
enseignés. Je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières
d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus-Christ, mais je m’en
suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m’accorde vie, aux décisions que
les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et
donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ.
Je plains de tout mon coeur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je
ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ
suivant ce que la charité Chrétienne nous l’enseigne.
Je prie Dieu de me
pardonner tous mes péchés, j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les
détester et à m’humilier en sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d’un
Prêtre Catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai
faite, et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique
cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la
discipline et à la croyance de l’Église Catholique à laquelle je suis toujours
resté sincèrement uni de coeur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où
je suis, s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du
Ministère d’un Prêtre Catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir
le Sacrement de Pénitence.
Je prie tous ceux que
je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir
fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j’aurais pu avoir
donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu’ils
croient que je peux leur avoir fait.
Je prie tous ceux qui
ont de la Charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le
pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon
coeur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun
sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux
zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à Dieu,
ma femme, mes enfants, ma Soeur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me
sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse
être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma
femme, mes enfants et ma soeur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les
soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans
ce monde périssable.
Je recommande mes
enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux ;
je lui recommande surtout d’en faire de bons Chrétiens et d’honnêtes hommes, de
leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s’ils sont condamnés à les éprouver)
que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers
la seule gloire solide et durable de l’Éternité. Je prie ma soeur de vouloir
bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s’ils
avaient le malheur de perdre la leur.
Je prie ma femme de me
pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je
pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être
sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se
reprocher.
Je recommande bien
vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant
tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et
reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en
mémoire de moi. Je les prie de regarder ma soeur comme une seconde mère.
Je recommande à mon
fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier
au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout
ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins
que j’éprouve. Qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant
les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le
bien qui est dans son coeur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et
qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il
est plus nuisible qu’utile.
Je recommande à mon
fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étaient attachées, autant que
les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer
que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfants ou les
parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux
pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient
attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et
qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les
moment de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je
prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur.
Je voudrais pouvoir
témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m’ont montré un véritable
attachement et désintéressé. D’un côté si j’étais sensiblement touché de
l’ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n’avais jamais témoigné que
des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l’autre, j’ai eu de la
consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes
m’ont montrés. Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements ; dans la
situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je
parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de
chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
Je croirais calomnier
cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon
fils MM de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait
portés à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être
les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j’ai
eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi. Comme c’est lui qui est
resté avec moi jusqu’à la fin, je prie MM de la Commune de lui remettre mes
hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont
été déposés au Conseil de la Commune.
Je pardonne encore très
volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont
ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et
compatissantes, que celles-là jouissent dans leur coeur de la tranquillité que
doit leur donner leur façon de penser.
Je prie MM de
Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et
l’expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu’ils se sont
donnés pour moi.
Je finis en déclarant
devant Dieu et prêt à paraître devant Lui, que je ne me reproche aucun des
crimes qui sont avancés contre moi.
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