"Il
est très vrai aussi que la lecture devient une passion et que, comme
toute passion, elle a de singuliers excès. À un certain degré
de violence, elle empêche toute action, elle s’oppose à tout
emploi énergique de la vie. Le livre est un moly* qui empêche les
hommes de devenir bêtes aux mains des Circé ; mais c’est un
lotos*, aussi, qui paraît une nourriture si délicieuse qu’il faut
user de violence pour nous arracher au pays où il croît, pour nous
faire rentrer dans nos vaisseaux et nous obliger à ramer". (Émile
Faguet -L'Art
de lire )
Si
je comprends bien, il faut lire pour ne pas tomber sous la coupe des
femmes, (Il faut parler vrai, désormais!), mais il faut aussi savoir sortir et pas seulement, comme
lotophage, pour faire son loto, mais aussi prendre la vie telle
qu'elle est, et la vivre
*Moly , herbe
magique: Selon l'Odyssée, Hermès en offre à Ulysse comme antidote
(φάρμακον
ἐσθλόν, « herbe de
vie ») aux sortilèges de la magicienne Circé qui transformait ses hommes d'équipage en pourceaux :
*Lotos, plante
fantastique: dans l'Odyssée :
Ulysse accoste à
la « terre des Lotophages qui se nourrissent d'une fleur ».
Tandis qu'il envoie trois hommes en reconnaissance, ceux-ci mangent
le lotos qui leur est offert et « dès qu'ils eurent mangé le
doux lotos, ils ne songèrent plus ni à leur message, ni au retour ;
mais, pleins d'oubli, ils voulaient rester avec les Lotophages et
manger du lotos. Et, les reconduisant aux nefs, malgré leurs larmes,
je les attachai sous les bancs des nefs creuses ; et j'ordonnai
à mes chers compagnons de se hâter de monter dans nos nefs rapides,
de peur qu'en mangeant le lotos, ils oubliassent le retour. »
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