…Je me résume,
Messieurs. L'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa
religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes.
Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de cœur, crée une
conscience morale qui s'appelle une nation. Tant que cette conscience morale
prouve sa force par les sacrifices qu'exige l'abdication de l'individu au
profit d'une communauté, elle est légitime, elle a le droit d'exister. Si des
doutes s'élèvent sur ses frontières, consultez les populations disputées. Elles
ont bien le droit d'avoir un avis dans la question. Voilà qui fera sourire les
transcendants de la politique, ces infaillibles qui passent leur vie à se
tromper et qui, du haut de leurs principes supérieurs, prennent en pitié notre
terre à terre. « Consulter les populations, fi donc ! Quelle naïveté ! Voilà
bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la
guerre par des moyens d’une simplicité enfantine. »
- Attendons,
Messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le
dédain des forts. Peut-être, après bien des tâtonnements infructueux,
reviendra-t-on à nos modestes solutions empiriques. Le moyen d'avoir raison
dans l'avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé.
Ernest Renan
Qu’est-ce qu’une
nation ?
Renan est tout sauf demode ,il fait partie de cette ecole francaise si brillante. Bloy. Huysmans Taine qui précèdent Durkheim Bergson. Mauss
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