La procédure électronique est encore une jouvencelle que l'avocat manipule avec grande pudeur, voire crainte.
Elle réserve ses surprises.
Ainsi, sur sa messagerie, l'avocat sera informé du rendu
d'une décision avec une courte phrase : fait droit ; ou alors une autre : déboute.
S'il est fait droit, celui qui a présenté la demande a gagné.
S'il y a déboutement, il a perdu.
Mais parfois la coquine fait des blagues.
Ainsi ce dossier-là dans lequel l'adversaire était
particulièrement sournois et vicieux, pour de vrai, qui voulait faire valider
par le juge de la mise en état un désistement, malgré l'intervention volontaire
formalisée par mes soins, invoquant la nullité pourtant d’un acte notarié.
L'objectif non dissimulé était pour le gredin de poursuivre
des mesures de saisie, le juge de l’exécution ayant sursis à statuer dans l’attente
de la décision du Tribunal.
Bien sûr, aucunement le juge de la mise en état ne peut-il
statuer sur le bien-fondé ou pas d'une intervention volontaire et, en cas
d'intervention, le désistement ne peut jouer puisque, par nature, l’intervention
est autonome.
Néanmoins le message reçu disait bien : fait droit.
Mon coeur s'est arrêté, comme celui de la reine d'Angleterre
quand le président lui a tendu la main sans attendre qu'elle le fasse, le
faquin.
Mais pourtant la décision rejetait bien la demande
d'incident considérant qu'il n'appartenait pas en effet au juge la mise en état
de statuer.
Choc cardiaque donc.
Je pense néanmoins, avec une réelle compassion, à mon pauvre
confrère qui aura reçu le même message, qui pensera avoir gagné et qui verra
pourtant qu'il a perdu…
Oui, oui ; compassion !
Je vous le disais, la communication électronique fait des
blagues.
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