Se rappelle-t-on le temps du rideau de fer et du combat pour les dissidents ?
Se rappelle-t-on le symbole Soljenitsyne ?
Relisons un extrait de l'un de ses discours sur l'esprit de Munich quand le prix Nobel lui a été décerné.
Cela permettra peut-être de comprendre ce que pense la Russie de nous
«
Vue du dehors, l'amplitude des soubresauts de la société occidentale
approche de la limite au-delà de laquelle le système perdra l'équilibre
et s'effondrera. La violence, de moins en moins embarrassée par les
restrictions imposées par des siècles de légalité, embrase le monde
entier, se souciant peu de savoir que l'Histoire a démontré maintes fois
son caractère stérile. Bien plus, ce n'est pas seulement la force brute
qui triomphe au-dehors, mais sa justification enthousiaste. [...]
L'esprit
de Munich ne s'est certainement pas estompé dans le passé : ce n'était
pas une simple péripétie. Je me risquerais même à dire que l'esprit de
Munich domine le XXe siècle.
Un
monde civilisé et timide n'a rien trouvé d'autre à opposer à la
renaissance brutale et à visage découvert de la barbarie, que des
sourires et des concessions. L'esprit de Munich est une maladie de la
volonté chez les peuples nantis. Un état d'âme permanent chez ceux qui
se sont abandonnés à la poursuite de la prospérité à tout prix, ceux
pour qui le bien-être matériel est devenu le but principal de leur vie
sur terre. Ces gens-là - et il y en a beaucoup dans le monde aujourd'hui
- ont choisi la passivité et la reculade, afin de prolonger un peu leur
train-train quotidien, afin d'éluder la difficulté aujourd'hui. Et
demain, vous verrez, tout ira bien. Mais rien n'ira bien. Le prix de la
lâcheté est toujours le mal. Nous ne récolterons la victoire que si nous
avons le courage de faire des sacrifices. [...] »
« LE CRI. » Le discours du prix Nobel ". Un article publié dans la
revue L'EXPRESS, Paris, no 1104, 4-11 septembre 1972, pp. 66-73.
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