Un des
dossiers prioritaires de la prochaine législature sera la négociation du
Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement. En tant que
libéral, je ne peux que me féliciter des efforts entrepris pour renforcer les
liens économiques de part et d'autre de l'Atlantique. L'Europe et les
Etats-Unis sont les pionniers du commerce international et ce sont les deux
plus gros ensembles économiques du monde. La logique de cet accord est donc
évidente. Des études indépendantes tablent d'ailleurs qu'un large et ambitieux
accord pourrait générer 120 milliards d'euros chaque année de chiffres
d'affaires supplémentaires pour l'UE, en particulier grâce à l'ouverture aux
PME européennes du marché américain, jusque-là chasse-gardée des
multinationales.
Cela étant
dit, je ne suis pas prêt à un accord à tout prix. Le Partenariat
transatlantique de commerce et d'investissement devra ainsi protéger le
consommateur européen, préserver les normes exigeantes de l'UE, notamment en
matière agro-alimentaire et d'environnement et respecter l'ordre juridique de
l'UE et de ses Etats membres. Rendre compatible les marchés américain et
européen ne doit pas déboucher sur la dérégulation. Un Traité international de
cette ampleur devra en effet être ratifié par les Parlements nationaux et
européen et si les inquiétudes des opinions publiques sur toute une série de
sujets ne sont pas apaisées, j'augure mal de l'issue de ce processus, y compris
au Parlement européen.
La prochaine
Commission devra en avoir bien conscience avant de s'engager dans certaines
voies qui pourraient se révéler finalement sans issue. La clef du succès réside
donc dans une négociation la plus ouverte et la plus transparente possible. A
cet égard je me félicite de la consultation publique ouverte par la Commission
sortante sur l'opportunité d'assortir le Partenariat transatlantique de
tribunaux d'arbitrage.
Je n'exclus
pas à priori l'inclusion de mécanismes de protection des investissements dans
le futur. Des tribunaux d'arbitrage sont prévus dans la plupart des Traités de
libre-échange que conclut l'UE avec des pays tiers. Mais je ne suis guère
convaincu de la valeur ajoutée d'un tel mécanisme controversé dans le cas
d'espèce. Les deux systèmes juridiques, de part et d'autre de l'Atlantique,
reposent sur un Etat de droit ancien, solide, prévisible, où toutes les
procédures d'appel existent déjà. En tout état de cause, si les investissements
doivent être évidemment protégés, ce ne peut pas être au prix d'une remise en
cause du droit souverain de l'UE et de ses Etats membres à légiférer de manière
autonome.
La
révolution industrielle du XXIe siècle sera sans doute celle de l'économie
digitale. Or force est de reconnaître que les principaux acteurs du marché
numérique sont aujourd'hui américains. Ce ne serait pas un problème si cette
nouvelle économie ne posait que des problèmes commerciaux. Mais l'économie
digitale soulève aussi des questions en matière de protection des données et
les géants de l'Internet américain profitent par ailleurs du maquis fiscal européen.
Dans la mesure où je plaide pour une législation renforcée sur la vie privée
sur Internet et pour une politique fiscale commune, je ne suis pas prêt à voir
contester mes choix politiques par un tribunal d'arbitrage.
Ancien Premier
ministre belge, Guy Verhofstadt est président de l’Alliance des démocrates et
des libéraux pour l’Europe (ADLE) et tête de liste des libéraux aux prochaines
élections européennes.
Non au tribunal d'arbitrage ! Je suis d'accord avec le Monsieur!
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