Eh bien ! vous dites aujourd’hui, et je suis de ceux qui disent
avec vous, tous, nous qui sommes ici, nous disons à la France, à
l’Angleterre, à la Prusse, à l’Autriche, à l’Espagne, à l’Italie, à la
Russie, nous leur disons :
Un jour viendra où les armes
vous tomberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra où la guerre
paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres,
entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait
impossible et qu’elle paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et
Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où la France, vous
Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes,
nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre
glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité
supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument
comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace,
toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où
il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant
au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. - Un jour viendra où les
boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage
universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand Sénat
souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce
que la Diète est à l’Allemagne, ce que l’Assemblée législative est à la
France !
L'Europe, c'est la paix; et oui!
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