… dans tous les procès il y a apparence de droit des deux côtés, par la
complication des affaires et par l'insuffisance des contrats, qui ne
peuvent tout dire ; tout l'édifice du droit écrit et de la jurisprudence
répond à cette difficulté majeure de trouver à décider, quand le bon
sens découvre de part et d'autre des raisons évidentes et fortes. C'est
ce qu'on ne comprend pas aisément ; et j'ai trouvé plus d'un naïf qui
raisonnait ainsi : Puisque c'est l'un des deux qui a raison, il y a
certainement un des deux avocats qui est payé pour mentir. Mais
entendez là-dessus les avocats, les avoués et les juges, ils vous diront
qu'un avocat ne ment jamais, qu'il n'a pas besoin de mentir ; que ce
grossier moyen le rendrait aussitôt ridicule, et qu'un procès n'est
possible que par deux apparences de droit qui se peuvent très bien
soutenir, sans aucun mensonge et sans aucun sophisme. C'est pourquoi le
jugement, qui décide entre les deux, devient aussitôt un élément du
droit, et un argument fort dans les procès qui suivront. Où donc est la
justice ? En ceci que le jugement ne résulte point des forces, mais d'un
débat libre, devant un arbitre qui n'a point d'intérêts dans le jeu.
Cette condition suffit, et elle doit suffire parce que les conflits
entre les droits sont obscurs et difficiles. Ce qui est juste, c'est
d'accepter d'avance l'arbitrage ; non pas l'arbitrage juste, mais
l'arbitrage. L'acte juridique essentiel consiste en ceci que l'on
renonce solennellement à soutenir son droit par la force.
Le citoyen contre les pouvoirs
[ Alain ]
Le citoyen contre les pouvoirs
[ Alain ]
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… dans tous les procès il y a apparence de droit des deux côtés, par la
complication des affaires et par l'insuffisance des contrats, qui ne
peuvent tout dire ; tout l'édifice du droit écrit et de la jurisprudence
répond à cette difficulté majeure de trouver à décider, quand le bon
sens découvre de part et d'autre des raisons évidentes et fortes. C'est
ce qu'on ne comprend pas aisément ; et j'ai trouvé plus d'un naïf qui
raisonnait ainsi : Puisque c'est l'un des deux qui a raison, il y a
certainement un des deux avocats qui est payé pour mentir. Mais
entendez là-dessus les avocats, les avoués et les juges, ils vous diront
qu'un avocat ne ment jamais, qu'il n'a pas besoin de mentir ; que ce
grossier moyen le rendrait aussitôt ridicule, et qu'un procès n'est
possible que par deux apparences de droit qui se peuvent très bien
soutenir, sans aucun mensonge et sans aucun sophisme. C'est pourquoi le
jugement, qui décide entre les deux, devient aussitôt un élément du
droit, et un argument fort dans les procès qui suivront. Où donc est la
justice ? En ceci que le jugement ne résulte point des forces, mais d'un
débat libre, devant un arbitre qui n'a point d'intérêts dans le jeu.
Cette condition suffit, et elle doit suffire parce que les conflits
entre les droits sont obscurs et difficiles. Ce qui est juste, c'est
d'accepter d'avance l'arbitrage ; non pas l'arbitrage juste, mais
l'arbitrage. L'acte juridique essentiel consiste en ceci que l'on
renonce solennellement à soutenir son droit par la force.
Le citoyen contre les pouvoirs
[ Alain ]
Le citoyen contre les pouvoirs
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… dans tous les procès il y a apparence de droit des deux côtés, par la
complication des affaires et par l'insuffisance des contrats, qui ne
peuvent tout dire ; tout l'édifice du droit écrit et de la jurisprudence
répond à cette difficulté majeure de trouver à décider, quand le bon
sens découvre de part et d'autre des raisons évidentes et fortes. C'est
ce qu'on ne comprend pas aisément ; et j'ai trouvé plus d'un naïf qui
raisonnait ainsi : Puisque c'est l'un des deux qui a raison, il y a
certainement un des deux avocats qui est payé pour mentir. Mais
entendez là-dessus les avocats, les avoués et les juges, ils vous diront
qu'un avocat ne ment jamais, qu'il n'a pas besoin de mentir ; que ce
grossier moyen le rendrait aussitôt ridicule, et qu'un procès n'est
possible que par deux apparences de droit qui se peuvent très bien
soutenir, sans aucun mensonge et sans aucun sophisme. C'est pourquoi le
jugement, qui décide entre les deux, devient aussitôt un élément du
droit, et un argument fort dans les procès qui suivront. Où donc est la
justice ? En ceci que le jugement ne résulte point des forces, mais d'un
débat libre, devant un arbitre qui n'a point d'intérêts dans le jeu.
Cette condition suffit, et elle doit suffire parce que les conflits
entre les droits sont obscurs et difficiles. Ce qui est juste, c'est
d'accepter d'avance l'arbitrage ; non pas l'arbitrage juste, mais
l'arbitrage. L'acte juridique essentiel consiste en ceci que l'on
renonce solennellement à soutenir son droit par la force.
Le citoyen contre les pouvoirs
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Le citoyen contre les pouvoirs
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… dans tous les procès
il y a apparence de droit des deux côtés, par la complication des affaires et
par l'insuffisance des contrats, qui ne peuvent tout dire ; tout l'édifice du
droit écrit et de la jurisprudence répond à cette difficulté majeure de trouver
à décider, quand le bon sens découvre de part et d'autre des raisons évidentes
et fortes. C'est ce qu'on ne comprend pas aisément ; et j'ai trouvé plus d'un
naïf qui raisonnait ainsi : Puisque c'est l'un des deux qui a raison, il y a
certainement un des deux avocats qui est payé pour mentir. Mais entendez
là-dessus les avocats, les avoués et les juges, ils vous diront qu'un avocat ne
ment jamais, qu'il n'a pas besoin de mentir ; que ce grossier moyen le rendrait
aussitôt ridicule, et qu'un procès n'est possible que par deux apparences de
droit qui se peuvent très bien soutenir, sans aucun mensonge et sans aucun
sophisme. C'est pourquoi le jugement, qui décide entre les deux, devient
aussitôt un élément du droit, et un argument fort dans les procès qui suivront.
Où donc est la justice ? En ceci que le jugement ne résulte point des forces,
mais d'un débat libre, devant un arbitre qui n'a point d'intérêts dans le jeu.
Cette condition suffit, et elle doit suffire parce que les conflits entre les
droits sont obscurs et difficiles. Ce qui est juste, c'est d'accepter d'avance
l'arbitrage ; non pas l'arbitrage juste, mais l'arbitrage. L'acte juridique
essentiel consiste en ceci que l'on renonce solennellement à soutenir son droit
par la force.
Le citoyen contre les pouvoirs
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