"...L'habeas
mentem n'existera jamais, car aucun geôlier ne pourra produire devant
un tribunal un esprit illégalement emprisonné, et aucun être dont
l'esprit a été asservi par les méthodes esquissées dans les chapitres
précédents ne serait en mesure de se plaindre de sa captivité. La nature
de la contrainte psychologique est telle que ses victimes ont
l'impression d'agir sur leur propre initiative, elles ne savent pas
qu'elles sont des victimes, les murs de la prison leur sont invisibles
et elles se croient libres. Leur servitude est strictement objective et
n'apparaît qu'aux yeux d'autrui.
Non,
je le répète, il ne pourra jamais y avoir d'habeas mentem, mais il peut
y avoir une législation préventive - une mise hors la loi de la traite
des esclaves psychologiques, un statut pour la protection des esprits
contre les pourvoyeurs sans scrupules de propagande empoisonnée, sur le
modèle de celui qui protège le corps contre les pourvoyeurs sans
scrupules d'aliments frelatés et de drogues pernicieuses. Par exemple,
il pourrait, et selon moi il devrait y avoir des lois qui limitent le
droit que s'arrogent les autorités, civiles ou militaires, de soumettre à
l'hypnopédie des auditoires captifs sous leur commandement ou leur
garde - d'autres qui défendent l'emploi de la projection subliminale
dans les lieux publics ou sur les écrans de télévision - d'autres enfin
qui empêchent les candidats politiques non seulement de dépenser plus
d'une certaine somme à leurs campagnes électorales, mais aussi
d'utiliser cette sorte de propagande antirationnelle qui fait de tout le
processus démocratique une farce amère..."
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